vendredi 7 septembre 2018

Un beau texte de l'haïtien Peter CENAS.



Pianotage titubant sous les pas de ma ville somnolente. Mon souffle tourbillonnant dans son errance au verso d’un rêve. Cadences en accélération, cœurs au rythme brisé, s'en allant taciturne. Des pas de vide de toutes les heures disséminées, chevauchant l'horloge murale.

Il est minuit.

L’heure des inattendus. Des sombres exils. Des intarissables quêtes. Et la nuit d'une tête coupée, s'allonge, subtile, sur mes blessures.

Instant délicat. De tous les impossibles et d’espoirs mélangés de crépuscules. Il n'y a plus de chanson qui ne soit faite que de morceaux d'étoiles, et de rêves couverts de bougies allumées par les deux bouts. Des bougies de mardi-gras, suspendues à l’air vide. Un instant capricieux, à prendre par le bras, même quand le reste de ses tresses se balance bien vite sous les talons du vent.

Je le prends, fermant les yeux pour mieux m'enivrer des chuchotements des arbres à travers cette fenêtre Est. Une marche de cris fous et de nostalgies. Marche sonore.

Minuit n'est jamais bien vêtu. Insensible à mes appels. Froid et inattendu. Il a toujours un néant jeté sur les yeux. Demain, je me promets de lui fermer encore la porte au nez, et de vivre simplement du silence que je m’invente...










Peter CENAS








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