Un oiseau passe éclair de plumes
Dans le courrier du crépuscule
Va vole et dis-leur !
Dis leur que tu viens d’un pays
Formé dans une poignée de mains
Un pays simple comme bonjour
Où les nuits chantent
Pour conjurer la peur des lendemains
Dis-leur
Que nous sommes une bouchée
Répartie sur sept îles
Comme les sept couleurs de la semaine
Mais que jamais ne vient
Le dimanche de nous-mêmes
Dis leur que les marées
Ouvrent la serrure de nos mémoires
Que parfois le passé souffle
Pour attiser nos flammes
Car un peuple qui oublie
Ne connaît plus la couleur des jours
Il va comme un aveugle dans la nuit du
présent
Dis leur que nous passons d’île en île
Sur le pont du soleil
Mais qu’il n’y aura jamais assez de lumière
Pour éclairer nos morts
Sur le pont du soleil
Mais qu’il n’y aura jamais assez de lumière
Pour éclairer nos morts
Dis leur que nos mots vont de créole en créole
Sur les épaules de la mer
Mais qu’il n’y aura jamais assez de sel
Pour brûler notre langue
Va vole et dis-leur !
Dis-leur qu’à force d’aimer les hommes
Nous avons appris à aimer l’arc en ciel
Et surtout dis-leur
Qu’il nous suffit d’avoir un pays à aimer
Qu’il nous suffit d‘avoir des contes à raconter
Pour ne pas avoir peur de la nuit
Qu’il nous suffit d’avoir un chant d’oiseau
Pour ouvrir nos ailes d’hommes libres
Va vole et dis-leur !
Ernest PÉPIN
In Babil du Songer, éditions Ibis Rouge.
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