Le souffle de l'espace
à partir de mon corps,
à partir des branches aux feuilles remplacées
par de vieux nids d'oiseaux barbelés et piquants
et par des morceaux géométriques de ciel
aussi râpés limés que le dos de ma main
rayonne et va se perdre en la clarté qui fume
une clarté qu'on peut nommer "la clareté".
La clareté n'est autre qu'un chant minimal
une voix de cristal un replis aérien.
Là-bas. Au loin. La table-rase du désert,
les mots qui s'enlisent en le blanc crémeux des pages.
Cela fait mal à la gorge de respirer
la bouche ouverte à tout ce peuple de photons
pépites d'orécume laboure-gosier
qui nettoient si consciencieusement les papilles
et résorbent presque ces granules de chair.
Mais l'Espace a tous les souvenirs en horreur.
Tout se réduit à cela : mon corps, l'étendue. Steppe sans fin qui nait là où finit mon corps. Fuite rectiligne et saturée de clarté. Transpercement et évanouissement du Ciel.
Là-bas. Tout, si léger. Que ça mousse. Et c'est tout. En rose et en blanc quasiment décolorés. Tel un appel à désincarnation suprême. A dématérialisation bouillonnante.
Voici. Telles sont les nouvelles fraîches de ce matin.
Encore des départs, et des désertions.
Rester immobile. Et laisser l'espace aller. Comme si vous en étiez l'origine même.
N'oubliez pas ! L'espace continue la chair.
Il n'est que son prolongement; j'en suis heureuse.
Patricia Laranco.
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