Collision prévisible dès cet été : pronostic effroyable pour « l’insubmersible » service de soins français, car le Ségur de la Santé n’a pas permis de restaurer le bon cap. L’attentisme de nos gouvernants n’augure rien de bon.
Nous, médecins urgentistes de France, lançons un appel national d'alerte sur les difficultés des services d'urgences, actuelles et à venir.
Les délais de prise en charge aux urgences sont alarmants, nous redoutons de ne plus pouvoir faire face aux urgences vitales aussi rapidement qu’il le faut. Ce scandale sanitaire a déjà détruit des vies.
Les fermetures des services d’urgences adultes et pédiatriques, des lignes de SAMU/SMUR, ainsi que des lits d’hospitalisation, s’accélèrent ces derniers mois, constituant un péril considérable sur la sécurité sanitaire des patients dès cet été et même certainement beaucoup plus tôt.
Nous, médecins urgentistes hospitaliers, et de tout établissement de santé assurant l’accueil et la prise en charge des malades en urgence, souhaitons vous alerter "sur les conditions très dégradées de la permanence d’accès aux soins comme de la continuité des soins dans nos services d’urgences adultes et pédiatriques sur tout le territoire, et sur nos conditions d’exercice devenues périlleuses avec mise en danger des patients et des soignants." Des décès de patients doivent être évités.
Les plans blancs, créés pour faire face à des situations sanitaires exceptionnelles et d'afflux de victimes, sont aujourd'hui décrétés par dizaines sur le territoire par manque de personnel. Une absurdité traduisant les premières voies d'eau du navire hôpital en perdition...
Plus d’une soixantaine de services d’urgences - et toujours plus chaque jour - connaissent des fermetures la nuit et le jour, avec une prise en charge limitée aux situations d’urgences vitales. Il en est de même pour un nombre conséquent de SMUR qui assurent les prises en charge des urgences vitales ou fonctionnelles hors des murs de l’hôpital avec des équipes de réanimation urgentistes pré hospitalières qui connaissent elles aussi des fermetures.
Ces fermetures limitent l’accès aux soins urgents partout sur le territoire, et aboutissent à la dégradation de l’état de santé et à la mise en jeu du pronostic vital de certains patients.
La crise des Urgences, qui concerne également la pédiatrie et la gynécologie obstétrique, ne pourra être traitée qu’en s’attaquant à trois étapes fondamentales :
- favoriser et valoriser les soins primaires en resserrant les liens ville-hôpital ( favoriser l’activité partagée),
- renforcer les effectifs médicaux et paramédicaux des structures d’urgences pré-hospitalières et hospitalières et redonner une attractivité aux activités de permanence de soins hospitaliers,
- enfin, revoir complètement le fonctionnement des établissements de soins en imposant le principe d’une cellule de gestion de lits et un réajustement capacitaire des lits d’aval pour réellement décharger les urgentistes de tâches qui ne relèvent pas de leurs missions.
Nous appelons au rassemblement de tous les praticiens concernés par ce manifeste et plus globalement de tous les médecins des établissements de santé touchés par cette situation, et faisons appel à vous afin de coordonner les actions à mener.
L’accès au soin est un droit.
Il est temps de soigner nos urgences pour pouvoir soigner nos patients dignement.
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