POUR VOIR LES PHOQUES
(souvenir d’un voyage en Baie de Somme).
L’espace était partout, et un immense vent
cisaillait interminablement terre, eaux, corps,
silhouettes aventureuses de dimension naine.
Le ciel était encré de nuages fumants
heurtés entre eux et pourfendus par le soleil
qui, malgré le mal qu’il avait à démêler
leurs empoignades, à tailler dans leur épaisseur,
à cheminer entre leurs ventres bouillonnants
paraissait l’épée de quelque archange vainqueur
terrassant de lourds monstres caparaçonnés
dans de barbares armures d’acier obscur.
Nous marchâmes pataudement dans les galets,
les gros galets bleu sombre polis par la mer
puis nous nous plantâmes et fixâmes longtemps
les bancs de sable assombris en face de nous
frôlés par un chenal où le mouvement vif
et ridulé de la marée faisait chemin.
Nous attendîmes, ainsi, sous le hachoir du vent
qui, s’abattant toujours, s’acharnait contre nous
comme s’il eut voulu nous réduire en dés,
en tout menus morceaux, de son tranchant si froid
que, déjà, il raidissait la moelle des os
et nous immobilisait telles des statues.
…Tout cela, pour voir des phoques présents partout :
peluches en les boutiques à touristes du coin,
statues de ciment dans les villages locaux
mais qui, en chair et en os, las,
se dérobèrent !
Mars 2023.
Texte et photographies : Patricia Laranco.
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