Bonjour, Ce qu’il nous arrive est hallucinant : 13 organisations de la filière forêt bois* ont décidé d’attaquer notre agrément de protection de l'environnement. Une première en France. La preuve que nous avons frappé au juste endroit.
Un agrément qui dérange
Début juillet, nous avons reçu un message d’un lanceur d’alerte, manifestement bien informé : "la filière est en train de manœuvrer pour attaquer votre agrément". Retour en arrière. Au terme d’un long processus, le 6 décembre 2023, le ministère de la transition écologique nous a délivré un précieux sésame : l’agrément de protection de l’environnement et une habilitation à siéger dans les instances consultatives. L’intérêt de cet agrément est double : d’une part, il nous permet d’accéder à des réunions où la filière aimerait bien que l’on ne soit pas et d’autre part, il nous permet d’agir en justice plus efficacement. C’est cela qui les fait paniquer : leur stratégie pour tenter de nous isoler et nous décrédibiliser est en train de prendre l’eau. Aussi fou que cela puisse paraitre, ils osent même l’écrire explicitement dans la plainte qu’ils viennent de déposer : “Outre la visibilité et respectabilité qu'il confère nécessairement à [Canopée, cet agrément] a pour effet de faciliter la mise en œuvre des actions qu'elle mène contre les intérêts que les requérants ont pour objet de défendre ou de faire fructifier, et même de lui donner des armes juridiques supplémentaires” Ce qu’ils contestent, c’est le principe même d'un contre-pouvoir. Ce qu’ils craignent, c’est la justice. Curieux, non pour des gens qui passent leur temps à essayer de nous faire passer pour des délinquants ? Canopée : 2 - Filière : 0
Vous vous souvenez de l’affaire du Bois du Chat ? Une forêt qui aurait dû être rasée mais qui a été sauvée in-extremis par la mobilisation citoyenne en Corrèze. Un responsable local de la filière impliqué dans ce dossier a essayé de nous faire taire en nous collant un procès. Et bien, bonne nouvelle : ce procès nous l’avons gagné ! Non seulement, ce responsable doit nous rembourser (une petite partie) de nos frais de justice mais le juge a reconnu que les coupes rases devaient faire l’objet d’un débat public et que notre interpellation s’inscrivait dans le strict cadre de la liberté d’expression. Précisons que ce responsable de la filière a fait appel de cette décision. C’est la deuxième fois que le juge déboute la filière mais manifestement cela n’est pas assez puisqu’à chacune de nos vidéos, une plainte est désormais déposée. Nous faisons face à une stratégie d’usure basée sur la multiplication de procédures pour nous bâillonner : le but n’est pas de gagner mais de nous faire perdre notre temps et de l’argent. La riposte Depuis plusieurs mois, notre riposte est en train de monter en puissance. Nous sommes en train de recruter un juriste pour coordonner notre équipe de 5 avocats. Nous n’allons pas faire que nous défendre mais nous passons à l’attaque. Dans l’affaire du Bois du Chat, nous avons porté plainte, avec deux associations locales (FNE Creuse et Sources & Rivières du Limousin) et nous venons d’obtenir la condamnation de l’exploitant et du propriétaire à payer une amende de 8500€ pour traversée illégale de cours d’eau. Ça pique Après avoir pillé les forêts du Morvan, Biosyl projette d’ouvrir une nouvelle usine à granulés de bois en Creuse. La préfète refuse l’idée même d'une étude d'impact environnemental. Nous irons donc au tribunal. Plus important encore, alors que la filière s’était engagée à intégrer des critères de préservation de la biodiversité dans les documents de gestion, cet engagement n’a pas été tenu lors de la révision des schémas régionaux de gestion sylvicole. Nous avons décidé de tous les attaquer au Conseil d’Etat. Ce qui est en train de changer, c’est que nous ne voulons plus laisser faire ou nous taire. Briser l’omerta Depuis sa création, Canopée dérange parce qu’elle appuie là où cela fait mal. Par exemple, en révélant, au terme d’une enquête approfondie, que le plan de plantation d'un milliard d'arbres, voulu par le Président de la République, entraine la coupe rase de forêts entières et bien portantes comme je l’ai encore expliqué cet été, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. En expliquant que ces failles ne sont pas dues au hasard mais à l’intense lobbying des coopératives forestières, et plus particulièrement d’Alliance Forêts Bois. Dans la filière et au sein des ministères, tout cela est bien connu mais il est tabou de le dire. Et encore plus de le contester. Foutez-les dehors C’est pour cette raison que la filière a fait pression sur le ministère de l’agriculture pour nous refuser l’accès aux réunions du Conseil supérieur de la forêt et du bois. C’est dans ce groupe que la filière aime à se réunir, s’autocongratuler et s’autoconsulter. Autant vous dire que la présence d’un poil à gratter comme Canopée est inacceptable pour nombre de responsables de la filière. Pour justifier notre exclusion de ce groupe, le ministère de l’agriculture a d’abord prétendu que nous n’étions pas "représentatif". Manifestement que vous soyez 300 000 à être inscrits à notre newsletter n’est pas suffisant. Pour être "représentatif", il faut un "agrément". Curieuse conception de la démocratie moderne mais soit. Nous nous sommes donc plongés dans les conditions pour obtenir cet agrément, avons fait bosser nos avocats, modifié nos statuts et lancé une campagne d’adhésions en bonne et due forme. Mais même cela, la filière le conteste. Vous n’existez pas Je suis désolé de vous l’apprendre mais si vous avez adhéré à Canopée, vous n’existez pas. Vous n’êtes qu'une "authentique mystification" comme souligné en gras dans la plainte déposée par la filière. En avril 2023, nous avons lancé la campagne d’adhésion et, en à peine un mois, vous étiez plus de 3000 à avoir répondu à l’appel. Pour la filière, cette "génération spontanée" est impossible. Il y a tromperie. Voilà le niveau... Soyons 10 000 poils à gratter Alors, on fait quoi ? Une chose est sûre, on ne va pas s’arrêter là et pour cela, nous avons besoin de vous. D’abord, pour faire un maximum de bruit autour de cette manœuvre. D’après notre avocat, c’est la première fois que des organisations professionnelles s’attaquent de façon aussi frontale à une association écologiste en réclamant le retrait de son agrément. Les laisser faire, c’est prendre le risque de créer un précédent dans lequel vont s’engouffrer tous les lobbys. Ensuite, adhérer. Dès notre création, nous n’avons jamais voulu faire de l’argent une barrière à votre engagement. C’est pourquoi pour adhérer, il suffit de faire un don d’au moins 5€. Et puisque notre représentativité dépend de notre nombre d’adhérents, nous nous sommes fixés un pari audacieux : être 10 000 adhérents. Chaque adhésion, c’est un poil à gratter pour leur rappeler que vous aussi vous voulez que nos forêts soient mieux protégées. Chaque don supérieur à 5€, c’est autant de moyens que vous nous donnez pour défendre notre indépendance, nous permettre de nous défendre et d’agir en justice. |
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