L’éternel débat entre les optimistes et les pessimistes !
Pour ce qui est de ma modeste (mais sincère) opinion et des réflexions que j’en ai faites, je ne vois guère à quoi il rime, au regard de la réalité. Je crois qu’en ce qui concerne l’Homme, il y a autant lieu de se déclarer optimiste que pessimiste et, pour ce qui me concerne encore une fois, je ne suis pas loin de penser que ce genre de controverse ne sert, tout au plus, qu’à meubler le temps quand il se traîne.
La nature est un mélange de créativité et de règles.
Il a fallu beaucoup de conditions et énormément d’étapes pour en arriver à notre propre existence, en tant que membre de l’espèce humaine comme en tant qu’individu. Quand on y songe, il y aurait de quoi nous donner un sérieux vertige.
En effet, si l’on écoute l’énumération à laquelle se livrent assez régulièrement les scientifiques, nous n’existerions pas sans : l’entropie, le phénomène de complexification, le phénomène d’émergence, la matière noire, la gravitation, le carbone, les trous noirs, les supernovae, l’oxygène, l’eau (liquide), l’étoile solaire, Jupiter, la Lune, le champ magnétique terrestre, le volcanisme, l’apparition de la Vie multicellulaire, la photosynthèse mise en œuvre par les plantes, la fin des dinosaures (et certainement la liste n’est-elle pas exhaustive !).
Certains Français semblent souffrir d’une rage individualiste telle qu’elle les rend totalement réfractaires à la moindre contrainte et à la moindre consigne émanant d’une quelconque autorité désireuse de réguler les choses, même en situation de crise sanitaire grave comme celle que nous sommes en train de vivre.
Méfiance à l’égard des gouvernants et des élites ? Désir de manifester coûte que coûte son « esprit fort » dans le déni et le défi – dont ce peuple est assez coutumier ? Résignation (le fameux « bof ! ») liée à une certaine paresse, ou à un certain déni (encore une fois !) proche de la Méthode Coué ou encore à une forme d’ « abandon », de « lâcher-prise » à caractère dépressif ?...
(Écrit le 26/03/2021, en plein cœur de la 3e vague de Pandémie Covid-19)
Si la nature ne « bricolait » pas, aurait-elle créé l’Homme ?
Des questions et des réponses…peut-être, parce qu’on veut se sentir fort(e).
Mais quand un tsunami d’émotion les balaye ? Quand il les renverse comme des dominos ? Quand il les aspire en son trou noir et les bouffe ?
Quand questions, réponses retournent à l’état de fétus de paille ?...
Que les hommes ne m’en veuillent pas de déclarer cela, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir fréquemment l’impression que, quand ils aiment une femme, ce n’est pas réellement une femme qu’ ils aiment, mais plutôt un stéréotype, une sorte d’archétype ou d’icône figée, pour ainsi dire impersonnelle (jeune/belle en fonction des canons très étroits et très resserrés du « physiquement agréable »/discrète/distrayante/pragmatique et sérieuse jusqu’à l’excès/sans cesse attentive aux êtres de son entourage, à ceux qu’elle aime et, plus généralement, aux autres).
Cette sensation de « complémentarité » les rassure, leur procure du plaisir. « Complémentarité »…voilà un mot qui revient si souvent, dans leur bouche !
La haine des hommes comme des femmes contre toute forme de « puissance » féminine. Voilà ce qu’il nous faut combattre.
Remplacer le « ou… ou » par une forme de raisonnement plus nuancée.
La seule chose dont on puisse vraiment être sûr quant à notre existence et à notre présence, c’est qu’elles sont la résultante, la réalisation d’une probabilité parmi des milliards, des trilliards d’autres possibles dans l’immense toile d’araignée complexe, capricieuse du temps et du hasard.
Si nous voulons bien prendre en compte le fait (mis en relief par les plus récentes données et découvertes de l’astrophysique) que […] la matière lumineuse dans les étoiles et les galaxies ne constitue qu’un insignifiant 0,5% du contenu en masse et énergie de l’univers (*) et que […] la matière dont nous sommes faits (protons, neutrons, électrons) n’en constitue qu’un minuscule 4% […](*), nous voilà bien obligés, alors, d’admettre que nous ne sommes, dans tout ceci, en tant que construction matérielle « classique » et manifestation d’un phénomène appelé « la Vie », rien d’autre (ou pas grand-chose de plus) qu’un épiphénomène, un microgramme de feston d’écume qui n’a d’essentiel (à nos yeux) que ce que nous lui attribuons du fait de notre égo d’espèce.
(*) TRINH Xuan Thuan, in LE MONDE S’EST-IL CRÉÉ TOUT SEUL ?, recueil d’interviews de 6 différents grands scientifiques par Patrice VAN EERSEL, Albin-Michel, 2008.
Au fond, il est très difficile de juger quoi, qui que ce soit. A l’aune de quoi ? Au nom de quoi ?
Le jugement est un point de vue, lui-même résultante d’une réaction elle-même conditionnée par des valeurs et par des habitudes.
Dans notre société moderne, occidentale/mondialisée, l’égo des gens, leur volonté de s’affirmer, de se démarquer de tout autre (la « liberté d’être soi-même ») sont devenus si développés et tellement valorisés que les affinités entre eux semblent de moins en moins nombreuses, de moins en moins durables et de plus en plus superficielles.
Les médiocres en veulent à ceux/celles qui, si peu que ce soit, se « distinguent » du lot parce qu’ils ont le front de ne pas calquer sur la leur leur attitude. Ils interprètent cela comme une forme de « trahison ».
Parfois d’une méchanceté, voire d’une férocité sans borne (quoique lâche), les médiocres adorent voir les objets de leur ressentiment échouer, chuter, se brûler les ailes. C’est ce que le jeune auteur sénégalais El Hadji Gana SENE nomme, très justement, dans un de ses poèmes, « la jalousie du troupeau ».
Peut-on s’entendre avec des gens qui nous dominent ?
L’ « entente » n’a-t-elle pas, dans un tel cas, quelque chose de forcé ?
Certains diront qu’il n’en est rien, par amour (plus ou moins sincère) de la paix ou par pur sens pragmatique désireux d’éviter le conflit ouvert – surtout lorsque celui-ci est perdu d’avance.
Reste que…reste qu’une « entente » déséquilibrée de cette sorte peut-elle faire figure de réelle entente ?
Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ?
Et pourquoi pas « pourquoi pourquoi ? » ?
Ne faut-il pas sans cesse changer de perspective, de regard – donc, être mobile et conscient de sa mobilité – si l’on veut tant soit peu élargir sa perception, sa compréhension de soi-même et de la relation que l’on entretient, à de multiples niveaux, avec notre contenant, le monde ?
La mesquinerie, c’est de tout ramener à soi. Alors qu’il y a tant d’autres choses dignes d’intérêt dans l’univers. Tant d’autres choses qui, infiniment, dépassent le soi/moi restreint.
Mais notre époque est, sans conteste, une époque de mesquinerie.
Tout ramener vers l’Homme, et vers l’Homme bourgeois.
Anesthésier les facultés de réfléchir, d’aller plus loin, en profitant de leur effet souvent anxiogènes sur le commun des mortels.
Leur substituer le Tonneau des Danaïdes insatiables du Désir, de (haute) préférence matériel, pour servir la consommation, donc la « logique », la bonne marche du Système (qui produit sans discontinuer et, par conséquent, en satisfaisant les désirs et en en créant continuellement de nouveaux, procure du travail).
Ceux qui considèrent toujours ce qu’ils n’ont pas, ce qui leur manque (ou manquerait) plutôt que ce dont ils disposent et sont lotis aux fins de se poser en victimes sont parfois de véritables poisons, de véritables puits d’avidité. Ils ne s’intéressent pas à qui a moins qu’eux, entre autre parce que leur obsession, c’est celle d’avoir des raisons de se plaindre.
J’ai passé la majeure partie de ma vie à croire que je cherchais des réponses. Tout cela pour m’apercevoir, in fine, que je ne cherchais que des questions !
Le bonheur…qu’est-ce à dire ?
Ne nous pousse-t-il pas à en vouloir toujours plus ? Ne nous rend-il pas de plus en plus exigeants, égoïstes et suffisants, aveugles à ceux qui sont restés de l’autre côté de la barrière, du côté de la souffrance, du manque, de ce que nous appelons la « privation » ? Améliore-t-il vraiment – comme on le croyait, naïvement, au XVIIIe siècle – la psychologie de l’être humain, sa tendance à n’accorder d’attention, au fond, qu’à lui-même et à ses semblables qui lui sont affectivement les plus proches et les plus chers, quand ce n’est pas les plus utiles ? On sait, maintenant (grâce à des tests de psychologie expérimentale), que la capacité d’entretenir un lien direct plus ou moins solide et durable du cerveau humain n’excède pas les 150 personnes et que, par voie de conséquence, la fameuse citation de Térence Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger, pour généreuse et enthousiasmante qu’elle soit sans conteste, parait, en fait, peu en phase avec l’humain réel et bien plus du ressort de l’exception, de l’idéal ou de la contrainte légale ou morale que de celui de la vie courante, surtout sur une Terre où les êtres humains prolifèrent, grouillent comme il n’en a jamais été.
Finalement, les gens adorent pouvoir se sentir « à part », « supérieurs », distingués de la masse et privilégiés, membres d’une certaine « caste » ou « élite ». Car cela les flatte. Et cela les rassure aussi, face à l’angoisse existentielle, qu’ils assument toujours aussi mal (plus mal qu’avant, même, peut-on dire).
Et le « bonheur » (matériel, tel que le conçoit, en priorité, le système marchand mainstream axé sur la paire hyperproduction/hyperconsommation, mais aussi lié à ce que l’on nomme, à présent, le « capital culturel ») est un des marqueurs principaux de l’aisance et de la domination, si « insouciantes ».
Il me semble de plus en plus que jamais je n’aurais dû m’aventurer du côté de la rédaction de notes de lecture, préfaces, articles, etc. sur d’autres poètes. Car, « curieusement », il semble que nombre d’entre eux aient eu tôt fait de me coller l’étiquette (seule et unique) de critique littéraire (au demeurant, parait-il, « bonne ») et, du coup, aient allègrement (et sans états d’âme) « zappé » les autres manifestations de mon écriture, que ce soit en tant que poétesse ou que prosatrice. Peut-être qu’après tout, celles-ci ne méritaient-elles pas leur attention, c’est fort possible. N’empêche…je n’ai quand même pas pu m’empêcher de me demander, au passage, si le fait que je sois une femme n’y était pas (sans doute le plus souvent inconsciemment) pour quelque chose dans cette attitude. Une femme, c’est bien connu, cela (et reste) « fait » pour « s’occuper des autres ».
Par ailleurs, il se trouve que j’ai toujours eu le malheur de ne pas posséder à plein l’art des relations mondaines, dites « conviviales », qui semblent jouer un rôle assez essentiel dans ce milieu. Mon côté ermite, voire « ourse », n’a guère joué en ma faveur, j’en ai bien conscience.
Et que dire, aussi, de mes idées, de mes positionnements « politiques », voire de mes engagements, trop peu « consensuels » et souvent manifestés avec trop de franchise ?
Quelle horreur !...Une « pasionaria » !
Peut-être même…une « sauvageonne » !
P. Laranco.
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