Quant à soupeser la pensée dans le vide
On ne dira pas que c’est l’ennui
Mais les prémisses
D’un poème.
Comme les éclairs dans un ciel serein
La poudre d’artifice se répand
Au creux sans fond
De la présence
Et
La fait surgir
Comme la source
De mille feux étincelants.
Il n’y a nulle poésie
Qui ne chante la force
Des mots fraîchement insurgés.
Ainsi – toujours au guet –
Toujours battant en veille
La parole séditieuse
Est au « travail »
Pour
Sans-cesse reprendre
Un sens qu’elle arrache
Aux sons habituels –
Jetant ainsi une
Passerelle
Entre
Inaudible-invisible
Et vision-écoute
Du concert
Inattendu
Qui
Peuple le silence.
Si les « effets » de la muse
Vous mettent à nu,
Si l’habit qu’elle
Porte
Vous séduit,
N’hésitez pas – rentrez
Avec votre corps –
Comme revenu
De loin –
Au cœur chaud
De sa grâce avec
Les voix qui s’y animent
Et font valser votre respiration.
Et vous soufflez sur
Le feu de la présence
Vous volez les flammes au temps
En vous séparant
Du vide,
Vous bâtissez votre propre voix …
Ce qui vous était étranger
Ce qui vous était
Lointain –
Vous l’accueillez
Comme l’hôte
D’un poème.
Vous rattrapez le temps perdu
Et sautez dans le foyer
De l’instant –
Solitude
Y nageant
Devient force.
Elle ne hurle pas
Ne tambourine pas
A la porte des souvenirs,
Elle entre de plain-pied
Aux bords sans bornes
D’un océan où tout proche
Se donne au lointain,
Tout proche
Se rive
A un horizon
En avalant la promesse
De cette identité
Une et fixée
Par les
Monstres froids.
Vous passez de la nage
A la navigation,
Le sextant
C’est
Votre muse qui
Vous soustrait au temps mort.
Un rythme vient secouer l’obscur;
Il s’arrime au roulis des
Courants.
Le chant évasif s’ouvre
Et s’affermit.
Il n’est plus
Hâtif,
Il vient se couler
Comme un gouvernail –
Au fil du vent.
Mais … Terre ! « Terra incognita »,
Vous avez gagné un
Nouveau départ …
Multiplié est
Le parcours
Du poème,
Multipliée est sa voix
Halée contre les bords sans bornes.
Et vous allez – drainant vos mots
Dans des embouchures
Réputées non
Navigables
Pendant que se déroule
Comme un ruban
De Möbius
Dans votre
Pensée.
Vous vous rivez
A des horizons lumineux
En avalant toutes
Les langues.
Vous livrez tant de baisers
Sur la corne d’abondance
Que la meute de
Vos mots
Devient chaîne de graines
A semer dans votre
Propre bouche.
Vous chérissez
L’exil qui la
Traverse
Avec
Tant de lèvres frémissant
A la paroi du vide
Qu’elles le
Brisent
Comme en mille éclats
Au creux cru de
Votre pensée
Enracinée
Dans
L’instant.
Tout glisse à présent
Et remplit la durée du poème
Comme dans un tonneau
D’ivresses d’où
S’échappent
Mille compagnies
En mille territoires
Pour la petite voix qui boira
Au monde son ambroisie
En désertant
La solitude.
Et la paix sortie de ce monde
Devient traversée
Sur une jetée
Infinie
Qui s’avance
Contre toute apparence
Sans aucun écran,
Sans aucun
Miroir
Vers le grand océan.
Sans plus aucun
Autre lien
Que celui du poème
Des corps et des vies qui –
Sans lui – vous seraient restés ignorés.
Alain MINOD.
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