vendredi 24 septembre 2021

Le grand poète provençal Richard TAILLEFER rend ici un émouvant hommage à son père...

 

 

 

à mon Père Maurice.

 

 

 

 

 

 

 

 

Mon père, si vous le croisez dans les rues du village, aux aguets derrière l’objectif de son « Reflex Canon », ou assis à la terrasse du Kafé de France, il vous apostrophera d’un « comment ça va chef » avec un large sourire dissimulé sous sa moustache grise.

 

Il est l’un de ces personnages du pays que l’on photographie volontiers pour garder un souvenir d’authenticité. Il a tout du Tartarin de Tarascon, lui qui est né par la force des choses dans une pouponnière, à Moreuil, un petit bourg de Picardie.

 

Le temps a buriné son visage, ses yeux ont cette couleur verte des agates de son enfance.

 

Dans son crâne, les idées sont plus sombres qu’une nuit d’été en plein orage et le dévorent jusqu’à la moelle. Il attend son heure, avec cette imperturbable sagesse de celui qui sait et n’attend plus rien.

 

Il est le dernier grand témoin de ce que je fus avant d'être. Le soir, il s’en va retrouver Pépète, la petite chienne qui l’accompagne dans son indécrottable solitude.

 

Ni l’un ni l’autre ne fermeront les paupières,

De peur de ne pas se réveiller ensemble.

 

Près de la porte

Je l’ai vu parfois grattant sa tête blanche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Richard TAILLEFER.









 

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