samedi 11 mars 2023

Des réflexions ici et là.

 

 

 

La plus grande part de la vie est une part de remplissage, au cours de laquelle il faut meubler le temps, lui conférer corps, épaisseur.

 

 

 

 

 

Se couper du passé, amnésifier  l’Histoire est quelque chose de grave.

Non, le présent ne suffit pas. Et il n’est pas non plus tout seul.

Qu’on le veuille ou non, la nature a donné à l’Homme une curiosité et une mémoire.

Il n’y a pas de « table rase », de remise de tout à zéro possible. Pas plus qu’il n’y a de « pays neufs », où, c’est décrété, tout  « (re)commence ».

Aucune époque n’invente à partir de rien, contrairement à ce dont voudraient, avec insistance, nous persuader les thèses du « Rêve américain » et du jeunisme, qui ont, à l’heure qu’il est, tellement le vent en poupe (du moins, dans le monde occidental).

Le passé, le présent et l’avenir se tiennent tout bêtement la main. Ils font – encore plus bêtement – partie d’une même entité.

Les Chinois, qui parlent par proverbes et par métaphores, diraient (d’ailleurs, peut-être le disent-ils) « Coupez les racines d’un arbre et vous en couperez aussi les branches. ».

 

 

 

 

 

L’idée de la mort peut rendre l’Homme plus que sage.

Tout comme elle peut le rendre complètement fou.

 

 

 

 

 

Le repli sur le MOI est un luxe étroitement lié à la prospérité et à la sécurité collectives.

Une attitude qu’en cas d’adversité, l’on ne peut plus guère se permettre.

 

 

 

 

 

Le monde est complexe et subtil, pour une bonne part imprévisible.  A moins qu’une telle impression ne soit imputable à notre perception propre, forcément incomplète et équipée d’œillères.

Toujours est-il que les désirs du cerveau humain n’y trouvent pas leur compte. Même, semble-t-il, avec l’aide, pourtant  puissante, des mathématiques.

 

 

 

 

 

Les prétentions à l’objectivité, à la « neutralité » de la science prêtent souvent à rire.

Qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, contestait, en Occident, les postulats racialistes de l’anthropologie, étroitement en relation avec (même si Darwin rejetait cela) les notions darwiniennes toutes neuves d’irrémédiable évolution des espèces, l’humaine comprise et (par extension abusive, bien commode en termes de justification pour tous les promoteurs ouest-européens de l’expansion coloniale « outre-mers » qui battait son plein à la même époque) de cultures humaines diverses minutieusement classifiées, stratifiées par ordre de « progrès », d’état de développement technique ?

L’agriculture, l’élevage, la ville, l’écriture, le calcul, l’imprimerie, les révolutions technologiques, médicales et scientifiques, tout comme l’Etat et la maîtrise, souvent destructrice, de la nature et des éléments auraient pu ne jamais apparaitre.

Leur non-apparition n’est – on en a maintenant pris conscience dans le monde « civilisé » même – en aucun cas interprétable comme un signe d’intelligence moindre.

 

 

 

 

 

Actualité 

En toute logique, une société qui déifie la liberté, le narcissisme et l'hédonisme (de par le "Jouir sans entraves" d'abord si cher à la "révolution des mœurs" initiée, en France, par Mai 68 puis, par la suite, récupéré avec un zèle qu'on comprend bien par l'"idéologie" consumériste néolibérale) - sans plus aucun autre cadre social qui, éthiquement, "tienne la route"- n'est-elle pas, pour ainsi dire par essence, génératrice d'addictions ? Aiguillonner le manque, la convoitise (jusqu'à l'addiction au besoin), n'est-ce pas la stratégie qui fait - l'on pourrait presque dire basiquement - tourner le "moteur" de cette culture du profit, du "faire du fric", qui est devenue mondiale, dominante, écrasante ? Doit-on s'étonner, dans de telles conditions, que des faits comme "l'affaire Palmade" (et tant d'autres phénomènes douteux, voire sordides) s'y épanouissent ?

(21 février 2023)

 

 

 

 

 

A quoi bon chercher à discuter avec des personnes obsédées par l’affirmation de soi, enfermées dans leur petite bulle de plus en plus étanches, si autocentrées qu’elles finissent par se percevoir comme le centre l’univers (rien que ça !), encouragées qu’elles sont par l’idéologie sournoise mais omniprésente du self-development qui coupe les gens les uns des autres, quand elle n’en fait pas des ennemis ?

De quelle façon communiquer avec  des Narcisses ou des « tribalistes », forcément intolérants à toute espèce de différence, d’écart et forcément, au mieux, repliés sur leur cercle de proches et de pairs ?

J’avoue que j’y ais renoncé.

Tout le monde lutte pour attirer l’attention, mais ce que ces ballots oublient, c’est que, pour l’obtenir, il faut aussi savoir en gratifier l’autre, en vertu de la grande loi anthropologique du don/contredon.

Voilà qui génère beaucoup de solitude, de frustration (possibles sources, dans certains cas, de passages à l’acte agressifs).

 

 

 

 

 

Rien ne peut rien contre l’instabilité des choses.

 

 

 

 

 

Réfléchir, n’est-ce pas bousculer notre propre confort mental ? N’est-ce pas, dans un certain sens, balancer un coup de pied dans sa fourmilière ?

 

 

 

 

 

La vérité a, pour l’Homme, quelque chose d’archi brutal. Quelque chose qu’il reçoit très souvent de plein fouet, comme une énorme gifle.

 

 

 

 

 

Si le matraquage « développement personnel » a tant le vent en poupe, c’est, entre autres, parce qu’il rassure sur leur propre « valeur », sur leur nécessaire existence, des tas de gens qui ont été, en diverse proportion, abîmés par la vie et/ou marqués par des traumatismes plus ou moins graves ou plus ou moins profonds, marquants, à cause desquels ils se sentent gênés, voire diminués, atteints d’un sentiment de dévalorisation qui leur plombe existence et âme.

Reste qu’il promet une « liberté », un « vivre pour soi » qui devient, à terme, synonyme de narcissisme extrême et, par ce biais, de solitude ou de « tribalisme » (les fameuses « affinités »).

La psychologisation - qui, depuis la fin du XIXe siècle (et, notamment, l’invention, puis l’expansion de la psychanalyse) imprègne avec tant de force l’univers de la « modernité » occidentale - détourne habilement les gens de toute conscience d’appartenance sociale, et, en conséquence (de façon quasi automatique), de toute idée de remise en cause du système ploutocratique et technocratique qui a désormais pris, et ce à l’échelle planétaire, les rênes de notre fourmilière  contrôlée par la seule haute finance.

 

 

 

 

 

Boutade ( ?).

Qui dit que l’amour n’existe plus ?

Chacun est amoureux de lui-même.

 

 

 

 

 

L’être humain est envieux par nature, vraiment par nature profonde. En premier lieu parce qu’il est l’animal le plus mimétique, le plus doté en neurones miroir que compte la sphère du vivant. Ce sont, paradoxalement, ces neurones miroir qui, tout en même temps, cimentent son instinct social et en font toute la force (par le biais du grégarisme spontané et de l’identification) et, une fois qu’il a dépassé l’âge du fameux et décisif stade du miroir (lequel marque la prise de conscience de son individualité distincte), le poussent à se comparer sans relâche à ses congénères, à s’y opposer ou à les suivre et l’installent, à vie, dans cette tendance très marquée à l’envie. Création et destruction du LIEN semblent, chez lui, aller de pair.

 

 

 

 

 

L’Homme se trompe s’il pense gagner le bras-de-fer prométhéen qu’il a, depuis la Renaissance européenne, engagé contre la nature.

Du moins est-ce là mon opinion.

La nature sait réagir.

 

 

 

 

 

Je comprends que certain(e)s aient envie de « changer de peau ». La société nous cloue à des stéréotypes. A des images qui ne sont, au mieux, que des résumés (et encore, des résumés bâclés) de notre complexité, de notre nature plurielle.

 

 

 

 

 

La plupart des gens s’encroûtent dans leur vision du monde, qui par paresse d’esprit, qui par manque de temps pour se documenter réellement et pour réfléchir, qui par esprit d’opposition à l’autre chevillé à l’âme (résidu de l’adolescence ?), qui encore parce qu’il sent son esprit submergé, donc perturbé par la masse inimaginable d’informations qui sans cesse déferle sur sa personne par le biais des médias et des canaux high-tech.

 

 

 

 

 

Au XIXe siècle, le développement décisif de la science a non seulement contribué au renforcement philosophique du libéralisme capitaliste (par l’élaboration des thèses du darwinisme social, toujours en vigueur de nos jours), mais encore donné lieu à deux véritables horreurs : le racialisme et sa mise en pratique la plus extrême, la plus inhumaine,  l’idéologie nazie (*).

Remplacer le « L’Homme est fait à l’image de Dieu » par « L’Homme est un animal » n’a pas, c’est le moins que l’on puisse constater, été sans conséquences, et ce même si, en soi, la seconde affirmation n’a rien de faux.

 

(*) Cf. l’ouvrage de l’historien français Johann CHAPOUTOT, COMPRENDRE LE NAZISME, éd. Tallandier, 2020.

 

 

 

 

 

Plus un système est complexe, plus il est fragile. Notre cerveau en est le plus parfait exemple.

 

 

 

 

 

On peut conter la même histoire de tas de différentes façons.

Tout dépend toujours de l’éclairage, de l’angle d’approche choisi, ou déterminé par nos sens.

Voilà qui en dit long sur la complexité du cerveau humain, en même temps, d’ailleurs, que sur les limitations qui sont siennes. Tout comme sur celles des choses qu’on est amené à percevoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

P. Laranco.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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