samedi 22 juillet 2023

Et voici un poème de José LE MOIGNE, DÉCLINAISON DU FEU.

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

 

 

 

 

Le pays calme n’existe pas

seule la mer a pouvoir

d’enchâsser l’horizon.

 

 

La nuit

le laurier laisse

un peu de sa fragrance

sur le chanfrein des loups.

 

 

La fibule non plus

n’appartient à personne

ni à la perle

ni à l’étoffe

peut-être par instant

aux marges du présent

 

 

Au-delà des tracées

c’est le règne des mains

l’enclave de la haine

l’escarbille des yeux

 

 

Venu si tard

pour renouer le fil

cet homme

le regard détruit

libère des colombes

au-dessus du brasier

 

 

Anthurium à la main

il serpente le soir

vers l’office des mornes

 

 

La décharge de son cri

n’atteint pas les nuages

cet homme

poursuit les lunaisons

au-delà des mangroves

 

 

Cela veut dire quoi

l’angoisse de parler

cet homme

ne possédera jamais

ni rites

ni saisons

 

 

Rien d’autre

ah oui

Cet homme

n’a plus le droit

de se tromper d’étoile

ni de roseau

ni de guitare

 

 

Dans le craquellement

des mouettes de labour

on retrouve l’empreinte

des clôtures brisées


 

 

 

 

 

 

 

 

José LE MOIGNE (Valenciennes, 1993).

(Illustration : encre de Chine de José Le Moigne, 1994).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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