Lettre après lettre, nous serons extirpés de nos refuges
Nous serons un peu plus tombe à chaque pelletée de mots
BRASSERIE
aura le grand plaisir de recevoir
SEYHMUS DAGTEKIN
à l'occasion des rééditions de :
JUSTE UN PONT SANS FEU
Le Castor Astral
de son roman À LA SOURCE, LA NUIT
Le Castor Astral
pour son dernier recueil
À L'OUEST DES OMBRES
Le Castor Astral
pour SORTIR DE L'ABÎME
et pour tous les autres passés et à venir
Renaud Ego :
(...) laisser monter en soi les chants de Seyhmus, eux que porte la science familière des oiseaux (...) c'est accepter d'aller où le risque de se trouver perdu est aussi la chance éperdue d'une autre issue : le mystère (...)
L'élan du vers de Seyhmus porte la trace de cette énergie d'un départ sans regard en arrière. Il est bien l'en-avant qui transforma une nécessité en un devoir de liberté où "tout est à créer, mes légendes, mes histoires, mes jambes qui se faufilent à travers l'histoire d'une corde funambule".
(...) Et comme Paul Celan qui ne voyait pas de différence entre un poème et une main tendue, il en fait le seuil ouvert de sa propre poésie: "la poésie, la création, c'est de se mettre au service de l'autre dans un rapport d'égalité, d'échange et de découverte pour sortir de la logique du pouvoir qu'est l'invasion et la soumission de l'autre." (À l'ouest des ombres).
(...) Je salue en Seyhmus un poète qui, en faisant sienne la langue de l'autre, porte haut ce geste de l'accueil,afin de construire entre nous un pont, "juste un pont sans feu", où traverser nos déchirures communes dans Phoenix N° 26
Seyhmus Dagtekin : Nous avons tous nos géographies d’origines mais je dirais que nous venons tous d’un peu plus loin. Les peuples primitifs ne se nomment pas en ethnie ou tribu. Ils se nomment humain, tout simplement. Ce sont ceux qui les découvrent qui les nomment à partir de leurs particularités supposées. Dans mon village de montagne qui vivait en une presque autarcie, nous nous nommions de même. Il y avait nous les humains, les bêtes, les arbres et ainsi de suite. Et j’ai commencé par le son, par les pépiements, par les chants. Mettre une syllabe ouverte dans le temps est le vers qui conclut mon recueil Les Chemins du nocturne. Parce que même le mot peut nous séparer. Remonter donc plus loin et à partir de là tenter d’émettre un son, un chant, une parole qui puisse nous lier. Je descends en conséquence des êtres et des langues qui m’ont précédé, de toutes les langues, de tous les êtres...
(...) Je fais confiance aux mots, au voisinage des sons. Il y a tout un travail, un aspect montage qui est présent dans les textes. Mais écrire c’est aussi tirer sur un fil pour voir ce qu’il va en sortir. Et tout peut fournir ce fil, ce point de départ : une image, un mot, une couleur, un son. Un être, une bête, une joie, une déception, tout. Les uns amènent les autres à tour de rôle et s’entre-nourrissent...
(...) nous sommes des êtres de passage et non pas des êtres d’exil qui seraient coupés de leurs patries, de leurs racines, de leurs cultures, de leurs histoires… (...) je me dis qu’écrire, c’est tenter d’être juste envers soi-même et envers l’autre. Je tente donc d’écrire dans cette justesse, dans cette justice qui pourrait servir de base à la dimension éthique de l’écriture. Plutôt qu’une poésie d’engagement, je parlerais d’une poésie qui tente de proposer une manière d’être. Une poésie qui entraîne le regard à surmonter son indifférence envers les choses et les êtres qui l’entourent. Une poésie qui invite à faire exister l’autre dans son regard...
extrait de l’Entretien de la revue Décharge
Seyhmus DAGTEKIN est né en 1964 à Harun, village de montagne dans le Kurdistan turc. Après des études de journalisme à Ankara,
il arrive à Paris en 1987 où il vit depuis.
Il est l’auteur de dix recueils de poésie, dont :
Les chemins du nocturne Le Castor Astral, 2000 Prix international de la poésie francophone Yvan Goll
La Langue mordue Le Castor Astral, 2005
Juste un pont sans feu Le Castor Astral, prix Mallarmé 2007 et prix Théophile Gautier de l’Académie Française 2008
Élégies pour ma mère prix Benjamin Fondane 2015
À l’Ouest des ombres , son dernier recueil, paru en 2016 au Castor Astral
ainsi que d’un roman :
À la source, la nuit (Éd. Robert Laffont) mention spéciale du Prix des Cinq Continents de la Francophonie,
Ses textes ont été publiés dans de nombreuses revues et anthologies.
La revue Phoenix _dans son n° 26_ vient de publier un dossier spécial consacré à sa poésie.
Son roman À LA SOURCE, LA NUIT , son recueil JUSTE UN PONT SANS FEU (qui étaient tous deux épuisés), et
SORTIR DE L'ABÎME manifeste viennent de sortir simultanément (mars 2018) aux éditions Le Castor Astral.
***
PRÉSENTATION Catherine JARRETT
LECTURE Seyhmus DAGTEKIN Catherine JARRETT
MUSIQUE Hassan GHARBIA
***
Le TERRITOIRE DU POÈME associé à La CLAIRIÈRE de NADINE
(fondé par Anne STELL, repris en 2009 par Christian DEUDON et Nadine LEFEBURE, en mars 2016 par Catherine JARRETT et Christophe BREGAINT)
depuis 2017
animé par Catherine JARRETT
Un peu plus gouffre à chacune de tes apparitions
Un peu plus caverne face à tes plaintes
Mais sauras-tu encore naviguer entre surface et profondeur pour ne pas tomber loin
des caves et cryptes qui sauront faire éclore les sons pour qu'ils deviennent porteurs
de rêves dans le sommeil des bêtes
/ […]
Quand on parle, c'est déjà la pluie
Et l'expérience de l'être qui s'égoutte
J'évoque constamment la mer
Ne serait-ce que pour garder son goût à la bouche
Ce goût, cette odeur des langues, des repas
Sans rien comprendre à ce qu'on raconte
Comme le sens même de notre réduction
À la parole
Une manière de m'installer entre peau et parole
Pour aimer le monde dans le mot
Et construire ta mémoire
À rebours
Pour fixer un œil
À la nuit
Un peu plus caverne face à tes plaintes
Mais sauras-tu encore naviguer entre surface et profondeur pour ne pas tomber loin
des caves et cryptes qui sauront faire éclore les sons pour qu'ils deviennent porteurs
de rêves dans le sommeil des bêtes
/ […]
Quand on parle, c'est déjà la pluie
Et l'expérience de l'être qui s'égoutte
J'évoque constamment la mer
Ne serait-ce que pour garder son goût à la bouche
Ce goût, cette odeur des langues, des repas
Sans rien comprendre à ce qu'on raconte
Comme le sens même de notre réduction
À la parole
Une manière de m'installer entre peau et parole
Pour aimer le monde dans le mot
Et construire ta mémoire
À rebours
Pour fixer un œil
À la nuit
[À l'ouest des ombres, Le Castor Astral, 2016]
Le
TERRITOIRE DU POÈME
TERRITOIRE DU POÈME
VENDREDI 20 AVRIL 2017
à 15H30
BRASSERIE
« LE FRANÇOIS COPPÉE »
(1er étage)
1, Boulevard du Montparnasse Paris
M° Duroc
(Consommation de 6,50 Euros)
(Consommation de 6,50 Euros)
aura le grand plaisir de recevoir
SEYHMUS DAGTEKIN
à l'occasion des rééditions de :
de son roman À LA SOURCE, LA NUIT
pour son dernier recueil
pour SORTIR DE L'ABÎME
manifeste
Le Castor Astral
Renaud Ego :
(...) laisser monter en soi les chants de Seyhmus, eux que porte la science familière des oiseaux (...) c'est accepter d'aller où le risque de se trouver perdu est aussi la chance éperdue d'une autre issue : le mystère (...)
L'élan du vers de Seyhmus porte la trace de cette énergie d'un départ sans regard en arrière. Il est bien l'en-avant qui transforma une nécessité en un devoir de liberté où "tout est à créer, mes légendes, mes histoires, mes jambes qui se faufilent à travers l'histoire d'une corde funambule".
(...) Et comme Paul Celan qui ne voyait pas de différence entre un poème et une main tendue, il en fait le seuil ouvert de sa propre poésie: "la poésie, la création, c'est de se mettre au service de l'autre dans un rapport d'égalité, d'échange et de découverte pour sortir de la logique du pouvoir qu'est l'invasion et la soumission de l'autre." (À l'ouest des ombres).
(...) Je salue en Seyhmus un poète qui, en faisant sienne la langue de l'autre, porte haut ce geste de l'accueil,afin de construire entre nous un pont, "juste un pont sans feu", où traverser nos déchirures communes dans Phoenix N° 26
Seyhmus Dagtekin : Nous avons tous nos géographies d’origines mais je dirais que nous venons tous d’un peu plus loin. Les peuples primitifs ne se nomment pas en ethnie ou tribu. Ils se nomment humain, tout simplement. Ce sont ceux qui les découvrent qui les nomment à partir de leurs particularités supposées. Dans mon village de montagne qui vivait en une presque autarcie, nous nous nommions de même. Il y avait nous les humains, les bêtes, les arbres et ainsi de suite. Et j’ai commencé par le son, par les pépiements, par les chants. Mettre une syllabe ouverte dans le temps est le vers qui conclut mon recueil Les Chemins du nocturne. Parce que même le mot peut nous séparer. Remonter donc plus loin et à partir de là tenter d’émettre un son, un chant, une parole qui puisse nous lier. Je descends en conséquence des êtres et des langues qui m’ont précédé, de toutes les langues, de tous les êtres...
(...) Je fais confiance aux mots, au voisinage des sons. Il y a tout un travail, un aspect montage qui est présent dans les textes. Mais écrire c’est aussi tirer sur un fil pour voir ce qu’il va en sortir. Et tout peut fournir ce fil, ce point de départ : une image, un mot, une couleur, un son. Un être, une bête, une joie, une déception, tout. Les uns amènent les autres à tour de rôle et s’entre-nourrissent...
extrait de l’Entretien de la revue Décharge
Seyhmus DAGTEKIN est né en 1964 à Harun, village de montagne dans le Kurdistan turc. Après des études de journalisme à Ankara,
Les chemins du nocturne Le Castor Astral, 2000 Prix international de la poésie francophone Yvan Goll
La Langue mordue Le Castor Astral, 2005
Juste un pont sans feu Le Castor Astral, prix Mallarmé 2007 et prix Théophile Gautier de l’Académie Française 2008
Élégies pour ma mère prix Benjamin Fondane 2015
À l’Ouest des ombres , son dernier recueil, paru en 2016 au Castor Astral
À la source, la nuit (Éd. Robert Laffont) mention spéciale du Prix des Cinq Continents de la Francophonie,
Son roman À LA SOURCE, LA NUIT , son recueil JUSTE UN PONT SANS FEU (qui étaient tous deux épuisés), et
SORTIR DE L'ABÎME manifeste viennent de sortir simultanément (mars 2018) aux éditions Le Castor Astral.
***
PRÉSENTATION Catherine JARRETT
LECTURE Seyhmus DAGTEKIN Catherine JARRETT
MUSIQUE Hassan GHARBIA
Le TERRITOIRE DU POÈME associé à La CLAIRIÈRE de NADINE
(fondé par Anne STELL, repris en 2009 par Christian DEUDON et Nadine LEFEBURE, en mars 2016 par Catherine JARRETT et Christophe BREGAINT)
animé par Catherine JARRETT
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