Je m'appelle Mamadou Camara. Il y a un an et demi, avec deux de mes camarades de classe, nous nous sommes faits contrôler à deux points différents de la gare du Nord alors que nous rentrions d’une sortie scolaire à Bruxelles avec notre classe de terminale et l’une de nos enseignantes. Devant nos camarades et des centaines d’usagers, nous avons dû nous soumettre à l’inspection, ouvrir nos valises, être fouillés, et toisés comme des coupables. Sans raison. Nous n’avions absolument rien fait.
Le lendemain, excédée par ce qu’elle considère comme un acte immotivé et discriminatoire, notre professeure, Élise Boscherel Deniz, a tenté de porter plainte au commissariat de Saint-Denis. En vain. Les policiers qui l'ont reçue, ont expliqué qu’ils ne pouvaient accepter une plainte contre d’autres agents de police.
Avec mes deux camarades, nous avons donc décidé de porter plainte. Pour que ça serve d'exemple. Pour que ça s'arrête. Ces contrôles incessants, injustifiés et injustifiables, sont une atteinte à ma dignité, à notre dignité . Je voudrais pouvoir marcher tranquillement dans la rue, que ce soit dans mon quartier ou ailleurs, sans avoir peur d'être contrôlé sans motif. Je voudrais ne plus être présumé coupable d'office à cause de ma couleur de peau et de mon lieu d'habitation. Je voudrais que ma présence soit considérée comme légitime, partout, que ce soit en bas de chez moi, en plein Paris, ou en sortie scolaire. Je voudrais ne pas avoir à me demander pourquoi mes amis et moi nous sommes les seuls à être contrôlés dans les lieux publics où circulent des centaines d'autres usagers. C'est pour toutes ces raisons que j'ai porté plainte.
Le 22 octobre prochain, l’État français sera ainsi jugé pour les contrôles d’identité abusifs que nous avons subis au cours de cette sortie scolaire. Mais la dimension judiciaire n'est pas suffisante : d'une part parce qu'on sait à quel point il est difficile de faire entendre nos voix et nos récits face à ceux des policiers mais aussi parce que des milliers d'autres jeunes subissent la même chose quotidiennement.
Aujourd’hui, j’ai donc décidé de lancer une pétition pour demander solennellement au gouvernement de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme à ces contrôles d’identité abusifs. Pour commencer, il pourrait répondre à l’appel lancé par mon ancienne professeure et ses collègues. Ils demandent l'adoption d'une circulaire interdisant les contrôles d'identité durant les sorties scolaires. Je les soutiens et vous invite à en faire de même : c'est une manière de poser le débat des abus policiers et du profilage racial.
Premiers soutiens :
Sihame Assbague, journaliste et militante Doums l’entourage, artiste Geoffroy de Lagasnerie, sociologue et philosophe Lilian Thuram, ancien footballeur, fondateur de la Fondation Éducation contre le racisme Bolewa Sabourin, auteur et danseur Malik Salemkour, président de la Ligue des Droits de l’Homme Matthieu Rigouste, sociologue
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