La vraie philosophie n’a pas à répondre aux questions par
des théories, des focalisations sur une – ou plusieurs – idées, interprétations
ou « réponses ».
Son véritable devoir serait plutôt d’offrir de simples
pistes de réflexions.
Car la « connaissance » est –et ne sera toujours
– qu’une forme de tâtonnement, d’esquisse.
Le meilleur guide pour la philosophie est, à mes yeux, sans
conteste, la science. Qui, sans cesse, pose des questions et dont les réponses
réveillent, sans cesse, des questions nouvelles.
La véritable philosophie est donc, en fait, dans la
QUESTION…et dans la réponse provisoire.
De nos jours, il n’y
aura bientôt même plus besoin de dictatures. Il suffit d’abrutir les gens, par
exemple, par le football, la mode ou l’encouragement à l’auto-centrage presque
complet doublé d’hédonisme frénétique et de les « fliquer » au moyen
des « algorithmes » high-tech pour les tenir à sa merci « en
douceur », mais d’une manière autrement efficace, habile.
Pardonner n’est pas, à l’Homme, une chose naturelle,
facile. Pourtant, le christianisme, qui a particulièrement insisté sur la
nécessité du pardon et, en tout cas, sur la renonciation radicale à toute
vengeance (précepte « Tendre l’autre joue ») témoigne d’une
compréhension toute particulière du « vivre ensemble » qui est la
source de tout fonctionnement social équilibré.
La vengeance, en effet, a l’inconvénient d’inaugurer des
cycles sans fin. De ce fait, elle favorise un état de guerre (potentielle ou
effective) dangereusement permanent.
Rester rivé à ses rancunes, à ses ressentiments entretient,
sans conteste, la rumination agressive. Voilà qui, bien évidemment, ne peut que
semer le trouble dans l’harmonie sociale sinon, à terme, faire éclater la
société.
Et cependant, l’injustice, quand elle est persistante, ne
favorise guère la tendance au pardon.
Peut-on vraiment agir
sur un univers où l’ « effet-papillon » est une des grandes lois
de la nature, et où les effets pervers fourmillent, confirmant la maxime
« L’enfer est pavé de bonnes intentions » ?
Peut-on ignorer plus
longtemps que l'ambiguïté y règne en maîtresse ?
C’est l’excès qui est le véritable alter ego de la mesure.
Et c’est la folie qui est le véritable complément de la Raison. Tel est le
résultat de la complexité de l’Homme et de celle du monde, lesquels fourmillent
tous deux de paradoxes.
La dilatation de l’ego
est inversement proportionnelle au rétrécissement de l'être.
Avoir plusieurs identités (ethniques, nationales) et
chercher à les assumer à parts égales est, me semble-t-il, un des meilleurs
moyens qui soient de se mettre à dos tout le monde, ou une bonne partie des gens,
car toutes ces personnes se mettent vite à voir en vous une sorte de
"traître". De toutes façons, le cerveau humain n'aime guère la
complexité, pour les efforts qu'elle l'oblige à fournir.
Même si, souvent, elle
les déçoit, les gens ont besoin de l'attente : elle occupe le vide de leur
être.
Le poète sent que le monde est incomplet, que mille choses
ne se laissent point saisir par les mots, par une bonne partie des sens; ces
choses-là, il les perçoit confusément
dans leur miroitement diaphane, indécis; il invente son
AUTRE langage pour elles.
Nous parlons de
"liberté", de "libre-arbitre" alors que nous sommes tous
formatés par des archétypes, des habitudes de réaction et de pensée
profondément ancrés en nous et transmis par notre(nos) culture(s), à un point
que nous n'imaginons même pas.
Qu'est-ce qui se cache le plus souvent derrière le
conservatisme ?
La frilosité, la trouille du risque et l'attachement à des
idées et à des fonctionnements sociaux qui, d'une façon ou d'une autre, jouent
en faveur des intérêts personnels des individus concernés, le tout souvent
savamment déguisé par des prétextes soi-disant "spirituels", lesquels
ont de plus en plus de mal à convaincre les êtres tant soit peu dotés
d'intelligence.
Inquiétude, espoir ?
L’Homme inspire les
deux.
Ne considérons-nous pas que l’Homme est, sur Terre, une
espèce vivante d’exception, un animal particulier justement parce que nous
appartenons à ladite espèce ?
Que c’est mou, le confort,
et proche de l’ennui !
Et la sécurité ?
Flasque et amollissante !
Où sont les sensations
fortes, intenses d’antan ? Où sont les énergies qui stimulaient l’effort
et les idées nouvelles ? Où est passée l’ivresse de
l’action/réaction ?
L’idéal bourgeois a tout
dilué dans le mou, le plat, le lisse, le gris. Tout balisé, tout nivelé dans
son fichu « Meilleur des Mondes ».
« Paix »,
claironne à présent l’ « idéologue » le plus en pointe,
l’inimitable « Bobo » (tant qu’il a encore la force de claironner).
Pourtant, les risques,
les catastrophes potentielles, les injustices abyssales sont loin d’avoir
disparu de la planète ; et les maintenir à distance en se cantonnant dans
des « forteresses » ne suffit point.
Il faudrait de
singulières doses d’énergie (je n’ose dire de « virilité ») pour les
affronter.
L’Homme aime savoir mais en même temps, il déteste la
vérité crue. Il la trouve toujours trop brutale.
Je suis ici et
maintenant. Dans l’instant que mes sens construisent.
Juste en dessous de ma
pensée raisonnante, le Présent, seul.
J’y reçois ce qui me
parvient. Tout ce qui, en moi, afflue, conflue.
Et je le filtre. A ma
façon. Grâce à mes neurones-tamis.
Je deviens, je suis un
rendez-vous. Un point de convergence. Magique.
Arrêter la pensée. Pour
ça. Pour cette rare intensité.
Pour cette intensité inouïe. Qui vous attache à
l’existence.
L’existence, au fond,
n’est qu’un point. Un grain
d’instantanéité. Certes éphémère, mais rempli. Tel un grain de raisin lourd de
pulpe.
L’existence n’est qu’un
seul point. Où se rencontrent tous les sens. Toutes les réactions qu’ils
réveillent. Et tous les émois qu’ils suscitent.
Chaque instant est une
immersion. Et chaque instant est l’existence.
Instant après instant.
C’est ça. C’est ainsi que nous devons vivre.
Le temps n’est jamais
une ligne. Mais une succession de grains. De gros grains juteux et charnels.
Que nous avons cessé de voir.
On ne force pas les peuples et les pays, du jour au
lendemain, à adopter un régime de type démocrate.
Ils doivent le souhaiter massivement, sans réserves et, le
plus souvent, ils en viennent à y aspirer par « contamination »
mimétique autant que par réflexion, ou par « ras-le-bol » du régime
autoritaire qui est le leur. Quelque soit ce qui fait venir le changement,
celui-ci doit venir de leurs « tripes », et des « tripes »
d’une majorité – certainement pas de l’extérieur.
Le fonctionnement démocratique est, certes, en soi, on ne
peut plus séduisant, souhaitable. Mais il faut aussi tenir compte des
spécificités géographiques, historiques et culturelles d’une nation. Celle-ci
est-elle « prête » ?
En Russie, actuellement, Vladimir POUTINE est populaire.
En Chine, l’ordre et la stabilité garantis par le Parti
communiste le sont dans la même mesure (cf. l’ouvrage DEMAIN, LA CHINE ? DÉMOCRATIE OU DICTATURE ?, Jean-Pierre CABESTAN,
Gallimard, 2017).
Dans les pays arabes, l’autorité de l’islam et le culte du
« chef » sont encore très forts, comme en ont témoigné les douloureux
échecs des « printemps arabes ».
La France elle-même n’a-t-elle pas eu son COLBERT, son
LOUIS XIV, son NAPOLÉON et son DE
GAULLE ?
Et l’Occident, hégémonique depuis cinq siècles et enclin, à
de multiples reprises au cours de l’Histoire, à installer ou à soutenir, dans
des pays faibles et pauvres, des autocraties de belle facture (comme dans les
cas, exemplaires, du Chili et de la « Françafrique »), n’est-il pas,
en fait, sous couvert de ses grandes leçons de démocratie, en train ni plus ni
moins de défendre ses prosaïques intérêts contre ce qui lui apparaît, de plus
en plus, comme une sorte de nouveau « péril asiatique » ?
La vie est grave.
Aussi faut-il la traiter
avec dérision.
La mondialisation menace la diversité des cultures. Bobos
comme hommes d’affaire en font une série de caricatures high-tech pour ainsi
dire abstraites. De plus en plus, sous l’effet de l’uniformisation, les lieux
tendent à se ressembler. Quoi de plus semblable (et sans âme), partout au
monde, qu’un centre commercial, qu’un fast-food, qu’un coffee-shop, qu’un café
branché ou qu’un lieu de dépaysement pour touristes ou aventuriers de pacotille
? Ne croyez pas que les cultures s’ouvrent les unes aux autres ; elles ne
font que s’uniformiser. Elles subissent, de gré ou de force, l’universalisme
faussement « soft » qu’induisent les règles du Marché mondial.
Être citoyen(ne) du
monde, à mon sens, ce n’est pas se couler dans cette caricature superficielle,
pour ne pas dire « holographique ». Ce ne peut être adhérer à ce
qu’elle peut représenter en termes de flottaison à la surface des choses.
Les protestations ethniques, nationalistes actuelles sont
signifiantes. Il ne faut pas forcément les assimiler à des régressions de type
fascisant – ou passéiste. Peut-être sont-elles une manière de dire
« non » au rouleau-compresseur techno-mondialiste sans âme de la
nouvelle ère postmoderne.
Les
« lapalissades » ne méritent pas qu’on les dédaigne. Je trouve, au
contraire, qu’elles ont leur utilité.
Elles permettent, bien
souvent, de remettre sur le tapis des problèmes que l’on croyait résolus mais
qui, dans les faits, sont encore loin de l’être.
Même s’ils sont vieux
comme le monde.
SURTOUT s’ils sont vieux
comme le monde.
Le monde, mine de rien,
a quelquefois besoin de ces « piqûres de rappel », si
« bêbêtes », si « évidentes » puissent-elles nous sembler.
Quoi qu’on en puisse
penser, notre monde a une propension à l’inertie, et la mémoire (sauf dans le cas des lavages de cerveaux)
oublie très vite.
Comme dirait l’autre, ce
n’est pas parce que « tout a été dit, depuis le temps qu’il y a des
Hommes, et qu’ils pensent » qu’il faut se priver, à l’occasion, de le
redire. Si ce n’est, même, de le marteler.
Invoquer « la religion » (quelle qu’elle soit), c’est
devenu l’un des grands « trucs » visant à éloigner le spectre qui
épouvante les misogynes, les tenants du « plafond de verre » et des
si fameuses cohésions entre mâles les plus vaniteux, les plus égoïstes et les
plus mal à l’aise, au fond, avec la sexualité et avec l’altérité, à savoir
celui de l’émergence de la parité et de l’égalité des chances entre hommes et femmes.
Pauvres religions, pauvre « spiritualité » ! Elles ont bon dos.
N’empêche que, quand la perte des repères en tous genres
déferle sur les Hommes (ici, dans le domaine qui nous occupe, elle bouscule
tout particulièrement les hommes, avec seulement un petit H), on les (re)convoque et, assez
souvent, l’on déforme plus ou moins habilement leurs messages.
Quant aux athées et aux déistes, ils leur reste toujours le
recours aux colères et pleurnicheries victimaires « masculinistes »,
comme celles qui, par exemple, ont (avec d’autres facteurs) amené un Donald TRUMP à la tête des Etats-Unis :
le féminisme « émascule » les hommes.
P. Laranco.
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