A la base de tous les mépris, on trouve le rejet de la nature.La misogynie ? Une réaction contre la fonction biologique, naturelle, de reproduction chez l’humain (quelques en soient les manifestations). La négrophobie et les autres catégories de pensées racistes ? Une assimilation des prétendues « races » dites moins « évoluées » (et moins « évoluables ») à la « sauvagerie » (forcément condamnable et dangereuse) de la nature.La violence exercée contre les enfants et les jeunes à des fins de « dressage » ? Une entreprise de soumission à l’autorité souveraine de la Raison et de la pression sociale, lesquelles doivent toujours avoir le dessus. L’esprit humain fait la chasse à la nature, quelques en soient les incarnations, les formes (végétales, animales ou humaines). Il parle toujours au nom du contre-nature, du divorce d’avec sa propre origine, sa propre essence. N’est-ce pas là le nœud du problème ?
Appréhender sa propre nature est la chose la plus difficile qui soit. Une preuve, parmi tant d'autres ? L'Homme, qui se regarde comme "à part" du règne animal et qui, en lui, stigmatise tout ce qui lui parait du ressort de la "bestialité". Mais (hélas ou non), le fait d'observer, d'analyser sans relâche la nature ne suffit pas à nous retrancher d'elle. Qui nous certifie que le "recul" que nous avons par rapport au monde qui nous entoure est un signe de "maîtrise" ou plutôt un symptôme d'inadaptation ? Qui nous dit que notre manière d'approcher, d'envisager, de "connaître" le monde surpasse vraiment celle des "bêtes" ?
Si le bonheur rend autosatisfait, arrogant, narcissique, irresponsable, insatiable, éloigné du restant de l’espèce humaine (moins bien loti) et fermé voire craintif quant à la préservation de son mode de vie, alors je suis à peu près sûre qu’il est une mauvaise habitude.
Trop d’abondance matérielle et d’indulgence de la part des autorités entraînent-ils de façon automatique, quasi mécanique une intolérance à la frustration accrue, si ce n’est exponentielle ? La question vaut, il me semble, d’être posée.
Quand on laisse trop de liberté à l’être, ne risque-t-il pas, au bout du compte, de se prendre pour le centre du monde ?
La mort, en tant que suite de la vie, ne devrait pas nous poser problème.
Le racisme, tel que l’ont édicté, au XVIe et surtout au XIXe siècles, les Européens colonialistes pour justifier leur prédation sur l’ensemble de la planète Terre est un délire.
Oui, l’Histoire est une science. Quand on la pratique avec rigueur, avec toute l’honnêteté (scientifique) dont on peut faire preuve, en s’appuyant correctement sur tous les moyens et méthodes scientifiques dont on dispose, elle est un formidable outil de connaissance du passé et d’analyse des processus qui, au fil du temps, fabriquèrent le monde et qui relient l’ancien – parfois, le très ancien – à la période qui est en train de nous baigner. Évidemment, c’est une science qui a sa part d’erreurs, d’imprécision, d’incomplétude et, bien entendu, de mystères puisqu’elle fait partie des sciences humaines et que, d’autre part, comme toute science, elle se voit, par obligation, contrainte de s’appliquer, sans cesse, des « correctifs » à elle-même. L’Histoire (je ne parle pas ici, ça va de soi, de l’ « Histoire » trafiquée et orientée à usage des légendes et autres discours officiels ou consensus mainsteam) peut se révéler un formidable coup de projecteur sur des réalités et ce même si ces dernières s’avèrent ambigües, insoutenables ou simplement contrariantes pour les personnes qui en prennent connaissance. La véritable Histoire accueille tout ce que l’Histoire lui livre.
Les sociétés, les pays nés dans le génocide (du génocide) et dans l’ultraviolence en portent fatalement et longtemps la marque.
La lucidité est, pour la plupart des Hommes, un très lourd sacrifice.
Si tu gardes suffisamment de désillusion et de recul, tu deviens (enfin !) maîtresse ou maître en protection de toi-même. Tu contrôles la vulnérabilité foncière de ton mental humain plain d’illusions, rempli de failles. Ta « sensibilité » (attachement) ne peut plus, désormais, avoir de réelle prise sur toi. Ainsi, tu n’offres plus de points d’ancrage à la déception, à l’attente déçue, à la souffrance (inévitables étant donnée la nature instable ou même duplice, si ce n’est multiplice de l’être humain et, plus généralement encore, de toutes les choses qui font ce monde) et, au final, au vain désir. Tu peux « avoir l’air » d’être toujours impliqué dans la vie sociale, ce n’est plus le cas. Tu as franchi un cap. Et ce cap ne peut que te mener plus loin. Très loin.
En Occident ou en Afrique, la lucidité reste suspecte. En Inde, ou en Chine ancienne, au contraire, elle est considérée comme l’achèvement suprême d’un être.
Qui sait si l’Homme n’est pas un animal doté d’un cerveau bien trop « lourd » pour lui ? Qui nous dit qu’il connait vraiment la manière de « s’en servir » ?
La jalousie, n’est-ce pas, d’abord, l’impression qu’on est minuscule ? Que, comparé un tel ou à une telle, on ne « fait pas le poids » ? Que les éventuels dons et réussites des autres individus ne font que vous rabaisser, que souligner vos propres insuffisances ? N’est-ce pas pour cela qu’elle se cache derrière tant de paravents justificatifs, de déguisements fourbes ?
Mieux connaître l’Homme, je crois, n’encourage guère à trop de confiance.
Si l’Homme se soûle de mots, cela ne pourrait-il pas être, entre autre, parce que le mot n’est qu’un tronçon, un simple segment de code qui CHERCHE A désigner, mais ne le fait jamais, forcément, que de manière rigide et approximative ?
Chacun d’entre nous se persuade qu’il pense avec sa propre pensée, alors qu’en réalité il a le crâne bourré, farci d’idées reçues, de pensées qui, si elles l’imprègnent, si elles sont parfois profondément enracinées dans sa structure mentale, ne lui furent qu’inculquées, depuis son plus jeune âge souvent, sans même qu’il s’en rende compte, par l’effet d’un pur « endoctrinement » porté par les figures tutélaires, éducatrices (dont l’autorité est très forte, du fait de l’attachement affectif et de la dépendance qui la fondent), par la fameuse « pression sociale », par tout le corpus culturel que cette dernière entretient, perpétue (le « bain culturel »). Et cependant, certaines personnes pensent et regardent les choses autrement. Tels les autistes « de haut niveau ». Tel quelqu’un comme Albert EINSTEIN, qui était peut-être, d’ailleurs, l’un de ces autistes. Souvent, ces êtres ont une certaine peine avec les idées communes, préfabriquées. Ils découvrent. Résolvent des « casse-tête » de manière toute personnelle. Quand les autres, dans le fond, ânonnent. Ils dysfonctionnent. Agacent. Se rebellent. Quand les autres « répètent leur leçon ».
L’Histoire du drame colonial, c’est aussi – c’est d’abord – MON histoire. Maintenant, j’en ai la certitude : tout ce que ma mère a gardé bloqué, incarcéré en elle, c’est moi, à présent, qui le restitue : le mal que nous infligea l’ « inconsciente » cruauté du système colonial. Toute cette déformation de l’esprit, au profit du dominant. Tout ce qui est quasi indicible tant il est écrasant, impardonnable et que partagent tant d’êtres à la surface de cette terre.
Il semble qu’à partir du moment où la moindre entité existe, elle cherche à perdurer, à se maintenir le plus longtemps possible. La phrase de SPINOZA, a, à mon sens, là, un caractère vraiment génial. « PERSÉVÉRER DANS SON ÊTRE »…on peut là-dessus, réfléchir jusqu’à plus soif. L’acharnement à durer, la farouche résistance à l’entropie sont, en tout cas, l’une des caractéristiques essentielles de la Vie terrestre. Reproduction, évolution, diversification invasive, inventivité fabuleuse, « instinct de conservation » en sont les conséquences. La « conscience » est, elle aussi, un phénomène inhérent à la Vie sur Terre. Il est donc, somme toute, normal, logique qu’elle ait sa propre faim en sainte horreur. Or, l’état de « conscience », pour l’instant, « culmine », chez l’Homo Sapiens, à tous les niveaux : biologique, culturel (social), individuel. Dès que l’on a conscience de soi, comme en ont conscience les Hommes, on ne supporte plus guère de ne durer que momentanément. Dès que l’on a conscience de soi, on rêve de tutoyer l’infini.
Historiquement parlant, la guerre est un idéal aristocratique, cependant que la paix est l’ « idéal » bourgeois par excellence en ce qu’elle est sur-propice à l’épanouissement de l’activité commerciale et au développement de l’économie. Toutefois, la guerre, la violence en tant que prédation externe mais aussi de moyen de défense furent régulièrement des outils de l’ordre créé par les marchands. Elle résultait, alors, des rivalités d’ordre économique (les guerres franco-allemandes des XIXe et XXe siècles, par exemple) ou des appétits qu’entraînaient les besoins en matières premières (les prédations coloniales sur les Amériques puis sur l’Afrique et sur l’Asie du XVIe au XXe siècles).
Tout ce que pourront jamais dire les autres (même ceux qui te « connaissent » au plus près) sur toi, et inversement, ne sera jamais qu’immanquablement réducteur et, donc, plus ou moins contestable. Et d’ailleurs, toi-même, ne caches-tu pas, ne mens-tu pas, n’ignores-tu pas, ne déformes-tu pas bien des choses (à propos de toi et du reste) ?
Le lien, qu’il soit familial, lié au lieu d’habitation (voisinage, passé scolaire, amitiés, « esprit de clocher », régionalisme, appartenance à une large communauté, de type religieux, linguistique, culturel, national) soude entre eux les gens. Mais, les premiers groupes d’hominidés ayant été vraisemblablement fort réduits et, d’après les résultats de recherches récentes menées par des psychologues expérimentaux, le cerveau de l’Homo Sapiens contemporain lui-même s’avérant toujours incapable de véritablement gérer plus d’environ 150 relations plus ou moins proches, il se voit également, dans ce domaine, affecté de sérieuses limites. Le philosophe René GIRARD a notamment bien mis en avant ce que le lien, le « ciment » humain avait de centrifuge et de centripète. « Vivre ensemble », chez l’humain, c’est équilibrer deux forces a priori antagonistes, la spécificité individuelle et son besoin d’affirmation de soi et de liberté d’une part, et d’autre part, la nécessité impérieuse de proximité et d’échanges inter-individuels, le besoin absolu de se mettre et de se maintenir sous la protection du nombre (L’union fait la force et la sécurité). « Vivre ensemble », c’est délimiter, par rapport à son propre groupe, un « intérieur » et un « extérieur », et cela donne donc lieu à l’image mentale (souvent si pernicieuse) du « eux et nous ». « Vivre ensemble », cela peut pointer du doigt des boucs-émissaires qui, par contraste, vous tendent un anti-miroir.
Sait-on jamais, lorsqu’on se pose une question, si elle est bien la bonne ? Chaque présence, chaque état de fait se prête à une telle ribambelle d’angles d’approche ! Et l’on peut le/la relier à tant de causalités multifactorielles !
P. Laranco.
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