jeudi 23 février 2023

Un très beau et très sincère texte du Mauricien Gillian GENEVIÈVE.

 

 

 

Je suis souvent privé de sommeil et pourtant je n’appartiens pas à la nuit ; j’ai longtemps cru que j’étais un enfant du soleil, mais je fuis le plein jour, et je me réfugie toujours à l’ombre des livres et des mots, du silence et de la solitude.

Je ne suis ni de la lumière, ni des ténèbres. Ma rive est celle de la mélancolie, du ciel gris de l’hiver, de l’absence de cette joie franche qui irradie le cœur des enfants portés par le rêve et l’insouciance.

Mais je marche le long du fleuve, portant en bandoulière le récit fabuleux du hasard et des rencontres fortuites. C’est dans l’indécis, le non-prévu, la contingence heureuse que je retrouve des raisons de sourire, que je retrouve le sens du chemin à prendre, les balises du devenir, la possibilité de continuer à aimer.

Le soleil se couchera bientôt. Je n’échapperai pas à l’inquiétude et à l’insomnie, aux caprices d’une pensée qui inlassablement noircira le tableau des songes et celui des souvenirs ; je n’échapperai pas aux élucubrations pernicieuses d’une âme qui n’aura connu que peu de répit.

Mais je souris. J’ai le cœur qui bat. J’ai connu le désir et les caresses, le plaisir et l’interdit ; j’ai connu la déraison sublimée, les folles espérances et la tristesse des lendemains de rupture ; J’ai connu l’amour, les larmes et le chagrin.

Demain à l’aube, je continuerai le chemin, gai et inconsolable, plus que jamais portant le vivant en moi.

Jusqu’au bout de ma nuit.

 

 

 

 

 

Gillian GENEVIÈVE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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