Quoi que l'on puisse dire, rien de ce qu'on affirme n'est jamais objectif, absolu. Car la moindre perception est déjà une interprétation, conditionnée, en premier lieu, par notre complexion physique et sensorielle, notre nature, par l'éventail de nos possibles (y compris d'ordre technologique). La physique quantique a même montré que jusqu'à l'approche mathématique, scientifique et hyper-logique ne pouvait pas totalement libérer l'Homme de l'effet que produit sa propre présence, en tant qu'observateur.
Changez de regard et les choses changent !
Dans le maquis des mots, c'est quelquefois si dur de trouver un vrai chemin qui tienne la route !
Dans la haine et dans la peur qu'inspirent parfois les femmes aux hommes ( et qui ont donné lieu, au plan social, à la misogynie) n'y aurait-il pas lieu de voir aussi - et, peut-être, d'abord - une terreur envers la nature, envers l'assujettissement de l'espèce humaine à celle-ci ?
La femme, de par les fonctions vitales, basiques auxquelles elle se trouve systématiquement associée dans les profondeurs de la psyché humaine (gestation, acte de la mise au monde, éveil du désir sexuel chez l'homme) souligne la survivance, chez l'être humain, d'une part d'"animalité". Or, l'animalité est ce dont l'Homme prétend (peu ou prou dans toutes les cultures) s'affranchir. Il la rejette et se prétend "au-dessus de la condition animale".
Dans toutes les cultures, on trouve trace d'une certaine croyance en la dualité corps/esprit, sans doute liée à la terreur maximale qu'inspirent la mort, la finitude.
Ce n'est sans doute pas un hasard, en tout cas, si c'est dans les religions dites "du Livre" et dans les sociétés les plus puritaines de la planète que la férocité anti-femmes se déchaine le plus (Etats-Unis, pays du Moyen-Orient musulman, Inde).
Attention, manipulation !
Est-il normal qu'en France, dès qu'on se propose d' aborder l'effet hautement néfaste de phénomènes historiques tels que l'esclavage et la colonisation, l'on s'entende assez vite -sinon dans l'instant, comme sous l'effet d'une brusque piqûre d'insecte -reprocher d'être atteint de "wokisme", quand ce n'est pas d'être le tenant d'une attitude dangereuse, "clivante" qui serait facteur de "division" à l'intérieur du peuple français, lequel doit à tout prix, par les temps qui courent, conserver son unité (est-ce à dire rester unanime ?...) ?
La même réaction - ou à peu près - accueille aussi ceux qui dénoncent les profits astronomiques des grandes entreprises. Toujours au nom du "Vivre ensemble".
Alors ? Le "Vivre ensemble" serait-il une autre version du consensus ? Du "Pas de vagues" (sinon, n'est-ce pas, nous risquons la "guerre civile") ou, encore mieux, du "Chacun reste à sa place !" ?
La politique n'est que mauvaise foi, manoeuvreries. La plupart de ses "débats" sont coquille vide. Seuls y croient les naïfs.
Bien sûr, que l'on peut regarder tout "coup de pied dans la fourmilière" avec crainte. Ces actions, ces mouvements, ces "révolutions" (qu'ils s'avèrent ou non pacifistes) font violence à la société, au statu quo, à la routine si rassurante. Ils bousculent, ils malmènent le corps social, ils sont susceptibles d'ouvrir sur des turbulences. Ils ouvrent aussi sur la grande boite de Pandore de l'incertitude. Ils désorganisent (parfois), l'Histoire, là-dessus, n'est pas avare d'exemples dont le souvenir reste, encore, vif.
Ainsi sommes-nous tous, plus ou moins, partagés entre notre désir d'un monde plus évolué, plus juste et notre autre tendance (innée) à maintenir le statu quo, dans la dimension qu'il a de paix garantie. Si bonne pour la "sécurité des personnes et des biens". Si excellente pour l'activité commerciale et économique.
Ce que l'on oublie, cependant, c'est que l'invention a un côté rebelle.
L'Occident n'est attaché à la mondialisation (qu'il a lui-même initiée en forçant toutes les autres cultures de la planète à entrer dans le vaste réseau commercial qu'il s'était assuré par la maitrise de toutes les mers) que dans la mesure où il contrôle entièrement celle-ci et où celle-ci sert ses intérêts propres.
Le mantra-prétexte de la première vague d'expansionnisme ouest-européen à visée hégémonique fut "La religion chrétienne" (en l'occurrence, catholique).
Le second, celui qui présida à la deuxième vague (celle du XIXe siècle, qui vit la formation des Empires coloniaux britannique, français et, accessoirement, néerlandais) fut la "mission civilisatrice", laquelle dura jusqu'aux années 1950 et, juste après, se prolongea, en dépit des contestations qu'elle essuyait, dans la notion mondialisante de "développement".
Il semble qu'aujourd'hui se fasse jour un nouveau, un troisième mantra-mot d'ordre, celui de "démocratie".
Traversé entre les années 1960 et 1990 par des idées assez fortement marquées au sceau de l'humanisme des Lumières comme à celui d'un désir général de changement, de libération des peuples, des êtres qui l'ont amené, pour une large part, à se remettre lui-même en cause (idées "gauchistes", contre-culture, théologie catholique dite "de la libération", pacifisme, écologisme, mouvements des minorités) et à regarder les altérités avec davantage de sympathie. l'Occident se sent, désormais, menacé par l'extraordinaire dynamisme économique et commercial asiatique (en particulier, chinois) et par ses potentielles capacités à se muer en une ambition susceptible de lui faire concurrence, sinon même de le contrer au plan militaire et culturel.
A ses yeux, le leadership mondial doit demeurer une affaire de Blancs.
L'argument invoqué (car il en faut bien un) est ("reste", devrait-on dire plutôt) que "modernité" et démocratie n'appartiennent ni aux traditions extrême ou sud-asiatiques, ni au mode de pensée islamique, ni à celui des Africains ou des anciens "précolombiens" des Amériques.
Que voulez-vous...brillante civilisation et Droits de l'Homme ne sont pas à tout coup indissociables.
En fait (et dans le fond), l'Occident est toujours inapte à se penser en dehors de toute position hégémonique.
La toute-puissance, la certitude d'AVOIR RAISON demeurent ses fétiches.
Elite du genre humain, il s'imagine représenter l'humanité dans sa quintessence.
Une quintessence qu'il se figure sans possibilité de partage.
Nous vivons une époque de réaction. Où les gens cherchent à se raccrocher au passé. Parce que le passé est STABLE. Parce qu'ils baignent dans une insécurité sociale, mentale et même matérielle qui les déstabilise profondément et que la plupart d'entre eux ne sont pas assez "forts" ni assez agiles d'esprit pour surmonter.
Tout changement exige des filets de sécurité.
Dans les années d'après Seconde guerre mondiale (années 1960/1970, et même 1980/1990), on croyait encore pleinement au "progrès", à la "Marche de l'Histoire" sous la houlette de la "modernité" triomphante.
A présent, l'effarante vitesse des mutations technologiques et l'accumulation des problèmes d'ordre environnemental, démographiques et sanitaire, jointes au vieillissement manifeste des populations les plus en pointe au plan des avancées tant technologiques que sociétales entrainent une rigidification, un "cabrement" réactionnel.
Sans trop tomber dans le travers de la généralité réductrice, il est quand même connu que les personnes jeunes ont l'âme plus ouverte, plus généreuse, plus aventureuse et plus plastique que ne l'est celle des seniors.
P. Laranco.
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