mercredi 22 novembre 2023

Un texte de l'écrivaine haïtienne Cari DEVILSEYES.

 


NUIT GLACIALE.



Sur un escarpement glacé, ils se pressaient l’un contre l’autre. Leurs fourrures ne parvenaient pas à les protéger du froid. L’enfant, surtout, souffrait plus que les deux adultes. Ils s’étaient fait surprendre par la neige en cette nuit glaciale et n’avaient trouvé nul abri pour se protéger de la tempête. Impossible d’allumer un feu avec le vent qui sévissait.
Alors ils se pelotonnaient autour de l’enfant, soufflant sur ses mains pour tenter de le réchauffer, le frictionnant de temps en temps pour faire circuler le sang dans le petit corps frigorifié.
La nuit descendait et, avec elle, le froid devenait plus vif encore. La neige, enfin, avait cessé de tomber. Le père, avec quelques morceaux de bois et une peau de bête, avait tenté de monter un abri de fortune, mais cela ne les protégeait que partiellement du vent. L’inquiétude le rongeait. Avec la nuit, un autre danger se présentait. Des bêtes sauvages devaient traîner dans les alentours. Il ne craignait pas les ours, en cette période, ils hibernaient. Mais des loups peut-être? Par ce temps glacial ils devaient être affamés et que pourrait-il faire avec sa seule sagaie pour lutter contre une meute. Une bête isolée, encore, il pourrait essayer de la tuer. Ca leur ferait quelque chose à manger, même crue, la viande leur apporterait un peu de chaleur et de nourriture.
Le froid s'amplifiait à mesure que la nuit avançait. Le petit grelottait de plus en plus et même les frictions ne parvenaient plus à le réchauffer. Il s’endormait malgré lui, tétanisé par l’air glacial, sous le regard éperdu de ses parents. Hélas, ils sentaient la fin proche pour eux aussi. Comment résister sans feu ? La torpeur les gagnait.
Recroquevillés contre le petit corps gelé, ils semblaient dormir lorsqu’on les trouva quelques jours plus tard, pétrifiés dans la glace. Ils n’avaient pas survécu.






Cary DEVILSEYES
Novembre 2014.













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