Madame et Messieurs,
"Celui qui permet qu’on vole à l’autre sa liberté finit par perdre sa propre liberté.
Celui qui permet qu’on prenne à l’autre sa dignité, finit par perdre sa dignité."
Votre gouvernement tout comme celui de vos prédécesseurs, a privilégié le mercantilisme à son paroxysme.
Au nom de la liberté d’entreprendre, au nom des relations commerciales, au nom de l’Europe, vous avez intégré et appliqué dans votre politique, l’exploitation, la soumission, la déforestation, l’appropriation qui ont eu pour effet de soustraire à la population leur minimum vital.
La puissance d'un état ne peut se résumer à la soumission et à l'exploitation.
L'agriculture à grande échelle, la diffusion de pesticides, et ses corollaires ont montré ses limites : contrairement aux arguments avancés pour nous faire adopter ces méthodes, nous n'avons en aucun cas eu la promesse d'une nourriture abondante ou nutritionnelle.
Bien au contraire, donc il en ressort qu'un changement est impératif.
Lors de la crise sanitaire, vous avez pris conscience de l’importance d’être plus autonome dans nos industries, notre agriculture et ceci afin d’assurer notre sécurité alimentaire et notre Santé, droits élémentaires pour chaque être humain.
L’autonomie alimentaire peut et doit devenir une nouvelle voie de développement pour nous ainsi que pour l’ensemble des pays africains francophones et ceci pour assurer la sécurité alimentaire de chacun.
Cette prise de conscience doit-elle donc se limiter à la France uniquement ?
De par votre fonction, nous avons remis entre vos mains notre avenir, afin que vous représentiez et défendiez les droits et les aspirations des français, mais aussi les droits dans les pays africains francophones.
Les pays africains francophones n’auraient-ils pas les mêmes droits ? Ou allez-vous continuer à prendre l’Afrique pour votre marché ouvert et gratuit ? Ou bien considérez-vous encore les pays africains comme des colonies à gérer ? Plus encore, nous français, nous sommes les représentants de l’image de la France au-delà de l’hexagone.
Vos actions, vos décisions et par extension notre adhésion, acceptation, ou rejet déterminent qui nous sommes en tant que Français et quelles valeurs nous souhaitons incarner.
Il ne s’agit pas seulement de la puissance de la France mais de la dignité et de l’intégrité de l’ensemble des français.
Nous sommes un peuple dont la valeur, le rayonnement est fondé sur la liberté de chaque être humain ainsi que ses droits fondamentaux. Ces droits fondamentaux impliquent la sécurité alimentaire et la santé.
Or, la teneur même des fondamentaux commerciaux actuels et des partenariats entravent et annihilent ces droits les plus élémentaires non seulement en France mais plus encore dans les pays africains.
La Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale, lors du sommet mondial de l'alimentation de 1996, réaffirme le droit de chaque être humain d'être à l'abri de la faim et d'avoir accès à une nourriture saine et nutritive.
Votre gouvernement, de par ses décisions, avez sous-traité ces droits à des firmes, multinationales et entreprises au détriment de notre bien-être, de notre sécurité alimentaire mais également au détriment des pays africains francophones.
Aujourd’hui, nos aspirations profondes s’orientent vers une justice économique pour tous.
En ce sens, nous ne voulons plus être complices des agissements déniant aux pays africains leur souveraineté politique économique et monétaire, nous ne voulons plus porter la responsabilité criminelle et inéquitable des accords qui condamnent ces pays à la pauvreté, à la charité et à la mendicité et qui les soustrait à cette autonomie et à cette sécurité alimentaire dont nous français, nous nous réclamons et auxquels ils ont également droit.
Nous savons que la sécurité alimentaire n'est pas qu'une affaire d'agriculture, et de mode de production mais également d'économie, d'accords commerciaux ainsi que de politique.
En tant que français, en tant que nation à l’origine de la DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME, en tant que citoyens français, ces partenariats sont une honte car ils assujettissent ces pays à nos desiderata sans égards pour leurs propres besoins et pour leur propre souveraineté.
Si votre gouvernement trouve légitime d’imposer une taxe sur le Chiffre d'affaires des GAFA, si vous trouvez inadmissible l’évasion fiscale de Starbucks, vous comprendrez alors que le rapatriement des bénéfices des entreprises françaises installées en Afrique grâce aux investissements directs étrangers ou IDE est également inadmissible.
Par conséquent, nous vous demandons :
1- Un soutien total aux agriculteurs de France et de l’Afrique francophone qui veulent l'autonomie alimentaire pour amorcer un changement de modèle et assurer la transition du modèle de production agricole.
2- Nous demandons la souveraineté du pouvoir politique français qui mettra tout en œuvre pour sa population, sa dignité mais aussi pour la dignité de tous les pays africains auxquels la France est rattachée.
3-Nous demandons l’arrêt des pillages des ressources Africaines et de l’appropriation frauduleuse des variétés locales et paysannes par le biais du système de protection des obtentions végétales qui dépossède les populations de leur savoir traditionnel et accroît leur dépendance envers des entreprises sans scrupules.
4- nous demandons la dissolution des contrats de désendettement-développement (C2D) qui ne laissent pas les pays africains libres de leur propre choix d’orientation économique et stratégique.
Nous considérons comme relevant d'un comportement colonial le fait que l'AFD (Agence française de développement) soit le seul organe habilité à accorder son véto ou son accord sur le choix des programmes à développer, limitant encore une fois la marge de manœuvre du pays en question et lui déniant le choix de son développement.
5 – Nous demandons à la France de se retirer des pays de l’AELE dont les agissements sont en violation directe des obligations internationales visant à protéger les droits des agriculteurs et à préserver la biodiversité agricole. L’AELE porte atteinte dans les pays du sud et en Afrique aux droits des agriculteurs en matière de semence, sape le droit des agriculteurs à obtenir, reproduire, échanger et vendre des semences, mettant en péril le droit à l’alimentation et la souveraineté alimentaire.
En France, la loi a enfin autorisé les ventes de semences paysannes mais interdit ce droit aux agriculteurs des pays du sud.
Nous n'acceptons plus les" deux poids, deux mesures".
6-Nous demandons la dissolution des Préférences tarifaires de la France dans les importations africaines.
Ces préférences imposées depuis l'époque coloniale afin que les pays africains accèdent à leur indépendance est un chantage qui doit prendre fin maintenant plus que jamais car cela ne permet pas aux pays africains de choisir des meilleurs conditions et tarifs pour assurer leur économie et la vente de leur production, les condamnant là encore au bon vouloir de la France et à ses conditions inéquitables. Ainsi la dissolution de ces préférences leur permettrait enfin de vendre leurs produits aux prix du marché et donc de se constituer un capital, de moderniser leurs infrastructures pour organiser leur marché intérieur. Bénéfices qu'officiellement, les IDE sont sensés remplir mais qui depuis plusieurs années n'ont jamais été honorées pour les causes citées plus haut.
7- Nous demandons le retrait de la France dans CET ODIEUX CHANTAGE qu’est la législation concernant les droits de propriété intellectuelle sur les semences comme condition pour recevoir une aide au développement par le biais de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NAFSN).
8- Nous demandons que les entreprises françaises cessent leur mainmise sur les systèmes semenciers africains, et ceci afin de leur permettre de construire des systèmes semenciers gérés par les agriculteurs africains eux-mêmes pour leur propre souveraineté alimentaire.
9- Nous demandons la dissolution de quasi-monopoles des entreprises françaises en Afrique.
Il n'est plus à prouver que dans bon nombre de pays africains francophones comme en Côte d’Ivoire pour citer un exemple, les entreprises françaises possèdent et contrôlent tous les grands services publics – eau, électricité, téléphone, transports, ports et les grandes banques, commerce, la construction et l’agriculture.
La France est fortement impliquée ici et en Afrique, depuis 2013, dans des projets aux conséquences humaines, agricoles et climatiques dramatiques.
Devons-nous vous rappeler que le 31 Janvier le conseil constitutionnel a entériné l'idée que la protection de l'environnement prévalait sur la liberté d'entreprendre.
Je cite l'extrait : Les auteurs de projets et propositions de loi, quelque soient l'objet et l'ambition de leur texte, devront s'assurer que celui-ci respecte l'objectif de valeur constitutionnelle que constitue "la protection de l'environnement, patrimoine, commun des êtres humains. Ils devront non seulement tenir compte de la santé et de l'environnement des français, mais aussi RAISONNER AU DELÀ DU TERRITOIRE NATIONAL, en prenant en compte la santé et l'environnement sur l'ensemble de la terre.
Là encore, cette disposition ne concernerait-elle que l'Europe ?
Il semblerait bien que vous approuviez que certaines entreprises françaises dérogent à cette loi :
https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/les-actionnaires-de-total-rejettent-massivement-une-resolution-sur-des-objectifs-climatiques-renforces-1923291.html
Je cite " Total a récemment annoncé un nouvel objectif de "neutralité carbone à horizon 2050". Mais le groupe s'engage à la neutralité sur l'utilisation de ses produits par le consommateur final (périmètre dit "scope 3") en Europe seulement.
Pourtant la majeure partie des actions de Total s’effectuent en Afrique et sont destructrices pour leur environnement.
De même pour les barrages dans les pays du sud par des constructeurs comme EDF et Suez qui ne prennent pas en compte la pollution au mercure.
En ce sens, nous vous demandons d'étendre ces droits aux pays africains francophones ou de mettre fin à l’ingérence politique et économique française en Afrique et par conséquent de favoriser une refonte de la politique étrangère en Afrique.
En résumé, nous demandons que la France et ses entreprises cessent les pillages, les monopoles d'état, les accaparements des terres, les spoliations, les déforestations en Afrique, les mises en esclavage des enfants africains dont les entreprises françaises sont complices. Toutes ces pratiques participant chaque jour un peu plus à la paupérisation et altèrent la capacité des pays africains à assurer leur propre sécurité alimentaire et à honorer leur souveraineté.
En résumé, Monsieur le Président, Monsieur le ministre des Relations extérieures, Monsieur le Ministre de l'économie,
nous demandons que vous remettiez la France sur le chemin de l’intégrité et non plus sur celui de la duplicité.
Donc merci de rétablir une justice économique, des échanges commerciaux équitables et d'intégrer dans votre politique des valeurs dignes de la France et des français. |
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