samedi 20 juin 2020

Quelques essais de réflexion...




Attendre est un désert de sable et de lumière, d'espace trop blanc qu'il faut apprendre à aimer.





Trop de bonheur matériel, trop de sécurité et trop de liberté individuelle nous ramollissent-ils ? Nous affaiblissent-ils dès lors qu'un péril majeur, une catastrophe subite, tout à coup surgissent et nous mettent au défi ? La "civilisation" ne nous endort-elle pas sur nos lauriers ? La voracité du "progrès" ne se retournerait-elle pas contre nous ?





Ce qui frappe chez le vivant, c'est son acharnement à être, à continuer à être. Tout, dans son comportement, semble confirmer l'intuition de Spinoza. "Persévérer", s'opposer, sous toutes les formes possibles, à l'entropie.





C'est, hélas, dans les moments de crise qu'on prend le mieux la pleine mesure du degré de déni ou d'inconscience égocentrique, ou, à l’opposé, de celui de responsabilité, de solidarité civique (sens du devoir) de tout un chacun.





Tant que les sociétés humaines seront irrationnellement misogynes, il leur manquera, sans doute, quelque chose. Il leur manquera toute une dimension – énorme – de l’humanité (que les Chinois nommaient la « deuxième moitié du Ciel »).






Je continue à comprendre mal pourquoi on s’accroche à la vie, pourquoi l’on cherche toujours à prolonger son temps d’existence, quand l’on a une descendance que l’on a proprement élevée. D’où vient cette peur de disparaître, sinon, sans doute, de la conscience individuelle d’exister qui est probablement propre à Homo sapiens entre toutes les espèces vivantes ? La force de nos liens sociaux y est aussi sûrement pour quelque chose. Nous ne voulons pas quitter, « abandonner » nos proches parce qu’ils nous aiment et que nous les aimons. L’amour-propre et l’amour de l’autre. L’idée de néant et ses vertiges ; la perception de ce qui nous dépasse : de ce qui « défie » notre orgueil, notre espèce de mégalomanie.





Il faut croire que la conscience d’Homo sapiens est une sorte de rupture.





Il est plaisant de constater l’existence, en France, de certains hommes  dont le « progressisme » à tout crin, l’ « esprit éclairé » voire même le « révolutionarisme » (en tout cas verbal) subit un coup d’arrêt brutal là où commence – là où DEVRAIT commencer – la lutte contre certaines conduites masculines portant atteinte à la liberté des femmes : le « droit de cuissage » et le chantage sexuel sur les lieux de travail n’existeraient pas, pas plus que le harcèlement, lui aussi sexuel, partout dans l’espace public ou même au domicile de la « proie » qui quitte ou se refuse, sous forme téléphonique ou autre. Le fait que certains hommes ne soient pas en mesure d’avoir avec les femmes d’autres rapports que des rapports plus ou moins colorés de convoitise érotique n’est qu’une vue de l’esprit, un fantasme de féministe fanatique atteinte d’androphobie aigue, à moins (autre version) qu’il ne soit « naturel » (dû aux phéromones ?...) et donc « incontrôlable ». Tout le monde (peuple, Noirs, homosexuels, transsexuels même)  aurait le droit de « faire des vagues », de contester l’ordre millénaire ou séculaire de la Loi du Plus Fort tellement injuste…tous, sauf une seule catégorie (paraphrasons ici l’ « Astérix » d’Uderzo et de Goscinny) : les femmes. Et il faut être un « imbécile d’Américain (ou de Québécois) » pour penser le contraire. Ou une femme (de n’importe quelle origine) qui ne comprend pas que ces agissements relèvent de la « séduction » et de l’Amour du Beau-sexe placé sur piédestal.
Il y a des Blancs qui ne comprennent pas le privilège d’être Blanc.
Comme il y a des hommes qui, en tant qu’hommes, bloquent eux aussi sur certains problèmes, par égoïsme, par « névrose », par défaut d’empathie réelle.
Demandez un peu aux femmes de se confier sans tabous, sans peur de « mettre les pieds dans le plat » (du moins, à celles qui n’ont pas eu la chance de pouvoir se glisser « entre les gouttes »). Demandez-leur, un peu, de parler de ce sentiment de pression, de peur permanente, si ce n’est de trauma  qui a assombri leur existence et, dans certains cas, l’a complètement cassée, lorsqu’elles ont atteint « un certain âge ». Demandez-leur, un peu, de parler de ce qui, dans le cas contraire, imbibe leur quotidien, surtout lorsqu’elles ont l’insigne bonheur d’être « sexy ». Mettez-les suffisamment en confiance, afin qu’elles se montrent vraiment sincères…





En France, l’esprit de contradiction est, bien souvent, le fruit d’un prurit égotiste. Il s’agit là de s’affirmer. De montrer que l’on a son mot à dire.
Au risque de dire n’importe quoi. Ce risque, on est toujours prêt à le prendre.




A l’heure qu’il est, les gens détestent qu’on leur rappelle ce qui va mal, ou ce qui laisse à désirer.
Pourquoi vouloir changer un monde où EUX mènent une vie sans grands problèmes, où EUX mangent généralement plus qu’à leur faim, peuvent se faire soigner correctement, efficacement et s’instruire de façon convenable, ne subissent qu’une violence en gros minimale, marginale et ont la liberté d’exprimer leur opinion, d’aller et venir comme bon leur semble ? L’empathie et, plus encore, le « devoir d’empathie » deviennent encombrants, et d’autant plus encombrants que, de nos jours, les médias libres ne cachent plus rien de ce qui se passe partout dans le monde.
La plupart des pays où règnent l’opulence des biens matériels, la sécurité des personnes, l’accès à l’information, l’avance d’ordre technologique, scientifique et médical (Chine, Japon, Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong, Taïwan et les Emirats arabes exceptés) sont, de plus, de culture chrétienne et humaniste. Le christianisme, on le sait, plus que toute autre religion, cultive une certaine éthique : celle du « péché », de l’examen de conscience et de la culpabilité fautive. La mauvaise conscience est particulièrement pesante au chrétien.
L’ « Esprit des Lumières », promoteur des Droits de l’Homme lui aussi, a vu le jour en Europe de l’ouest, en sorte que l’idée et la revendication d’égalité hantent les esprits dans toute la sphère dite «  occidentale », et particulièrement en France.
Paradoxalement, depuis la deuxième moitié du XXe siècle, le triomphe de l’injonction de « développement » économique et de bonheur individuel, essentiellement promue par les U.S.A, cette nouvelle version de l’Europe marchande, a modifié le rapport de l’Occident à la mauvaise conscience, qui est passée, de l’état de valeur cardinale, à celui de « maladie honteuse rampante », névrotique car menaçante pour l’épanouissement et la recherche du bien-être.
De quelle façon concilier explosion développementale due, entre autres, à une mondialisation forcée entreprise dès le début du XVIe siècle et assortie du pillage massif de continent entiers placés sous le joug colonial (toutes les Amériques ; l’Afrique noire et l’Afrique du Nord ; le Moyen-Orient, le sous-continent indien et une bonne partie de l’Asie du Sud-est, archipels compris ; l’Australie et la Nouvelle-Zélande) et grandes valeurs humanisantes ? Le problème se pose toujours en ce moment même, « enrichi » (si je puis dire) au combien et au combien dramatiquement de la problématique environnementale, qui vire à l’urgence.
L’Occident, dominant suprême, a forgé trois générations accoutumées et enivrées par le fantasme d’une possibilité de jouissance exponentielle.
Une seule solution. Laquelle ? Un déni, voisin du délire.
80% des sept milliards d’humains qui peuplent (fort invasivement) cette brave planète vivent (survivent) au-dessous du seuil de pauvreté, tandis qu’affiches publicitaires et vieux postes télé d’occasion ou ramassés dans les décharges puis bricolés ensuite agitent devant eux le susucre des villas paradisiaques à piscines et saunas privés, du high-tech dernier cri, des bagnoles les plus futuristes  et des supérettes croulant sous des montagnes de marchandises, toutes plus variées les unes que les autres.
Pour que la société marchande telle qu’elle est devenue maintenant perdure, il faut éduquer les personnes lambda à réclamer « toujours plus ! » sans s’en sentir coupables, parce qu’elles « le valent bien ». Et les gens, bien conditionnés, font ce qu’on leur demande : ils demandent. Ils ne supportent plus la moindre frustration, la moindre ombre au tableau, la moindre limite.
Zéro manque, zéro risque, zéro « prise de tête », zéro malaise à l’horizon ! Les occidentaux sont devenus des « petites natures » encoconnées dans leur confort, et ce tout particulièrement du côté est de l’Atlantique, dans cette bonne vieille Europe opulente, pacifiée, protégée des fléaux majeurs qui ronronne dans sa belle petite routine pas mal frileuse, très « middle-class » et où l’on exagère facilement les plus menus tracas.
Alors, dans tout cela, le « Tiers-monde », le « Quart-monde », le gouffre entre populations dominantes et majorités (invisibles) dominées, les prédations génocidaires, esclavagistes, colonialistes, postcoloniales dont l’état de fait actuel est la conséquence…que voulez-vous que l’on en fasse ? Tout ce qu’ils font – même par leur simple évocation, leur simple rappel – « plombe l’ambiance ». Ils ramènent la vieille culpabilité chrétienne rongeuse, malaisée à « gérer » sur le devant de la scène. Ils entament l’image positive, glorieuse de soi-même, ce qui est vécu comme une atteinte très malvenue au sacro-saint confort (ici, dans sa version morale).
Pour obtenir « toujours plus ! », on a pris le pli de se victimiser, en tout cas au pays de Voltaire…et le tour est joué, on finit à son tour par se voir,  par se percevoir comme une victime ! En France, la position de privilégié a, depuis le séisme révolutionnaire fondateur de la fin du XVIIIe siècle, particulièrement mauvaise presse. Fidèle à son Histoire, le Français, quelque soit sa position sociale et son niveau de vie réels, a une saint horreur de devoir admettre qu’il est du côté de « ceux qui ont ». Plus qu’aucun autre peuple, il ne veut pas entendre parler des pages les plus sombres de son Histoire, et souffre en sus de ce qu’on pourrait appeler le « complexe du modèle, du magister ». Il ignore – ou affecte d’ignorer, je ne le sais – qu’aucun peuple n’est sans reproche, pas plus qu’aucun individu.





L’Homme aime à fréquenter des gens qui ont le même comportement que lui entre autres parce que la sensation d’ « affinités » que cela lui procure le rassure (le poids du nombre !) sur la « justesse » de ses manières de vivre et de ses réactions et, ainsi, lui évite tout doute, toute éventuelle tentation de remise en cause.
Se sentir faire partie d’une « communauté », ça réchauffe toujours.





On m’a appris l’humilité. On me l’a transmise comme valeur.
Je considère que c’est une force.





L’hypocrisie et le mensonge sont partout. Ils sont les socles de  tout équilibre social. Alors, parfois,  il n’est pas rare que j’en arrive à me demander pourquoi on les vilipende tant.
A en croire un documentaire scientifique diffusé par la chaîne ARTE il n’y a pas si longtemps, les chercheurs en neurosciences se demandent même si la  ruse  n’aurait pas « boosté », chez les Hominidés, l’intelligence.
L’hypocrisie suprême n’est-elle pas dans le blâme qui pèse sur l’hypocrisie ?






Tant d’obstacles se dressent sur le chemin de la compréhension réelle de l’autre !





Rien ne vexe plus quelqu’un tant que de lui faire une observation, une réflexion touchant du doigt un comportement ou un trait de caractère qui, chez lui, s’écarte tant soit peu de l’image idéalisée de lui-même qu’il cultive.

















P. Laranco.





















La misogynie (en pensée, parole ou acte(s)) est un véritable déshonneur pour l'humanité. C'est un truc qui la souille. La misogynie (en pensée, parole ou acte(s)) est un véritable déshonneur pour l'humanité. C'est un truc qui la souille.

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