DESERTION.
Tout art est conjuration.
(Otto Dix)
Je n'ai pas attendu les suites
de ces aventures épiques
couvrant le mugissement du vent
j'ai agi dans les coulisses du monde
entre lueurs de sang crépuscules et solstices.
J'ai appris à mourir dans la solitude
parmi les ravages incendiaires d'une orchidée
pendant que des armées s'effondraient
sur un lit d'argile assoiffé de larmes et de sang ;
pourquoi la terre mépriserait-elle
le guerrier bardé de poésie
qui s'agenouille après la bataille
sur la cendre où gisent des chevaux morts ?
Où des voix sans corps se déploient
et affrontent les vagues du vent ?
Ce sont des ombres qui ruissellent
sur les joues d'une femme implorant une trêve
parmi les braises d'une citadelle de fumées.
Ce sont des questions pantelantes
entre des bouches tordues de douleur définitive.
Je n'avais et n'ai toujours pas de réponse
sinon des échos dans le dur silence d'après la bataille.
J'ai fait le tour des horizons parmi les âmes errantes
et me suis senti attiré par les nappes féeriques du soir ;
j'ai remonté une rivière jusqu'à son épiphanie
et me suis étendu sous le drap infini de la nuit.
André CHENET.
In Exil de la poésie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire