La jalousie, certes, est humaine. Et l'égoïsme également. Qui, de nous, ne les a ressentis ? Mais combien ils noircissent le cœur !
Qu'en déduire de notre nature ?
L'Homme a besoin de croire en l'Homme.
Alors, il n'aime pas parler de ça.
Ou il le minimise, lui trouve excuses.
L’Homme déteste se souvenir qu’il est redevable de quelque chose à quelqu’un d’autre. Cela le gêne, car il pense que ça jette une ombre sur son mérite et, donc, que ça menace la plénitude égotique qu’immanquablement, il en retire et qui booste sa confiance en lui. S’il n’en allait pas ainsi, l’ingratitude ne serait pas de ce monde. Pas plus que le rejet des parents par la génération suivante.
L’être humain s’est toujours lancé à la poursuite de chimères, parmi lesquelles « la vérité » pourrait, par exemple, tenir une place centrale. « La vérité »… qui pourrait bien n’être qu’une gigantesque absence, une invention de la conscience humaine, liée à un pur besoin (qui lui appartient en propre).
Et si la vérité, c’était qu’il n’y a pas de vérité ?
L’élan de vivre, si souvent « taclé » par l’aigre jalousie. Qui, bien fréquemment, enfile les oripeaux de « l’exigence égalitaire » !
La pauvreté ? Elle fait peur. Ceux qui ne vivent pas dans le minimum vital ne la comprennent pas. L’enrichissement, l’embourgeoisement, l’élévation du niveau de vie nous apprennent à ne plus pouvoir nous passer d’un tas de choses. Aussi vivons-nous l’éventualité de perdre toutes ces dites choses comme des privations devenues inenvisageables, des régressions catastrophiques que nous ne saurions plus affronter. On nous présente le confort moderne comme une nécessité. Alors qu’il est, à y bien regarder, souvent surchargé de besoins artificiels et de « musts » aux trois quarts superflus, qui fascinent.
Tant de choses nous échappent en raison de leur complexité. Et/ou parce que nous ne savons pas de quelle manière les interpréter, dans leurs détails comme dans leur Tout.
Complexité, ambigüité, nature multifactorielle…ce sont là de puissants facteurs qui entravent, « voilent » la connaissance.
C’est au nom d’une civilisation de violence et de prédation obsédée par le contrôle (qui méprise la nature) que l’homme regarde de haut les femmes.
La pauvreté est une prison. Elle empêche de faire des tas de choses. Elle restreint, rapetisse la vie, quand elle ne l’avilit pas, souvent. La vie aisée ou riche ouvre sur des possibles; pas le dénuement. Car, dans notre société, « notre » système, tout se paye, tout a un prix. L’argent PERMET, donne le feu vert. Son absence limite, paralyse.
Nantis, puissants, dominateurs…quoi qu’on dise, tout ça va ensemble.
Il n’y a qu’à voir ces touristes qui estiment que « voir du pays », bourlinguer est normal et sain. Ce qu’ils oublient (complètement), c’est que, sans leur argent, sans leur appartenance à des sociétés hyper riches (et, dans l’ensemble, peu partageuses), ils ne ressentiraient et ne proféreraient sans doute jamais ce qui leur apparait comme une « évidence » si incontournable. Ils sont insupportablement arrogants. Sans même s’en rendre compte.
Nos sens sont apparus peu à peu, au fil de l’évolution de la Vie, pour répondre à certaines exigences qu’imposait le réel (par exemple, l’œil; pour mieux s’orienter, repérer les obstacles, les proies et les dangers), en fonction du milieu où évoluaient les créatures vivantes. Chez Homo sapiens, tout ce qui englobe le raisonnement, l’intelligence (telle que nous la voyons), l’abstraction pourrait peut-être être regardé comme expression d’un nouveau sens, d’une nouvelle capacité permettant de « percevoir plus loin », d’élargir (dans une certaine mesure) la perception (notamment, grâce aux mathématiques et, plus largement encore, aux idées).
Mais, comme disent les Hindous, Les sens se meuvent au milieu des objets des sens et les sens constituent des filtres. Par-delà les sens et la perception qu’ils produisent, qu’y a-t-il ? Quel est le vrai visage de ce que nous appelons « la réalité » ?
Maintenant, l’indignation des idéalistes amuse les riches, qu’ils se déclarent, se prétendent « de gauche » ou « de droite », pas grande différence. Elle ne fait que les faire rapidement hausser les épaules aux terrasses des cafés branchés qui, dans les replis gris des mégapoles de l’hémisphère nord, chassent les vieilles petites épiceries et autres troquets miteux, croulants à prolos sans états d’âme.
Quant à la pauvreté crasse, au dénuement tel qu’on peut le connaître dans les favelas brésiliennes ou dans les rues pétaradantes, voilées de geysers de poussière ocre et de nuages puants de CO2 et semées d’assemblages de planches aussi branlants que des chicots et sensés être des « domiciles » d’Abidjan, de Manille, d’Antananarivo et d’une palanquée d’autres lieux à la surface de ce globe, elle n’a pas d’autres alternatives que celle de se faire oublier (comme si elle était une autre planète) ou de se métamorphoser par toutes espèces de moyens en « réussite » (telle que les Occidentaux la conçoivent et la définissent, la dictent).
Il semble que la notion d’égalité des chances soit devenue une utopie, une sorte de conte pour enfants de cinq ans.
Les « humanistes » gâtés de l’hémisphère nord deviennent simultanément fatalistes et « positifs ».
Les choses auront beau exister, si tu ne les perçois pas ou si tu les perçois mal, tu ignoreras qu’elles existent ou de quelle manière elles existent.
On ne peut rien contre la peur.
Surtout contre l’angoisse de fin.
La peur bâtit tous les dénis et justifie tous les oublis, les libertés prises avec la vérité, quand ce ne sont pas les mensonges (fabriqués sciemment ou inconsciemment) ; elle vous accroche à tous les mythes, à toutes les reconstructions du monde ; tout cela afin de rassurer. Or, le déni, souvent, peut être l’antichambre de la folie. La déraison est, quelquefois, tellement plus facile pour l’Homme !
Ne pas voir; refuser d’admettre.
Sans doute sont-ce, chez l’Homme, le phénomène de la conscience de soi, le pouvoir de comprendre et d’expliquer (à tout le moins dans une certaine mesure) et leur corollaire direct, la hantise du temps qui passe et, surtout, de la disparition individuelle qui sont à l’origine de l’aveuglement, du refus de se remettre en cause, de phénomènes tels que l’utopie, la mythomanie et le délire.
Que ceci semble paradoxal, quand on y songe !
La conscience (qui est savoir) menant à la totale irrationalité.
Je vis dans un monde où tout est fait pour décourager de comprendre (et ce, même en tenant compte de la vulgarisation scientifique).
L’idéal du capitalisme, c’est que « les masses » réfléchissent le moins possible. Car, comme au temps de Socrate, réfléchir, comprendre menace la Cité. Les Romains avaient résolu ce problème par leur fameux Panem et circenses. La société actuelle, marchande (où tout suffoque sous le pouvoir de l’argent) continue, d’une certaine façon, sur leur lancée avec son abondance et son hédonisme, qui addictent l’Homme et, par conséquent, l’abrutissent.
Est-il normal que les élites continuent de s’accaparer le discours public – que celui-ci soit politique, intellectuel ou culturel – dans des pays où la majorité de la population s’est hissée à un niveau de classe moyenne, a été suffisamment scolarisée pour savoir lire et réfléchir (du fait de la scolarisation, comme de l’accès, via les médias et les nouvelles technologies, à toute l’information possible et imaginable) ?
Les réseaux sociaux ont ceci de fascinant – et de totalement inédit - que « la foule », à savoir n’importe quel monsieur ou madame Tout-le-Monde habitant un pays estampillé « développé » (ou, même, parfois, « émergent » ou pataugeant dans une pauvreté quasi générale : qui, maintenant, en Afrique noire, ne dispose pas d’un téléphone mobile et, du moins dans les villes, d’une possible connexion à Internet ?) a, par leur biais, accès à ce que l’on appelle la « liberté d’expression » en sus d’un autre droit, celui d’être informé (certes, j’en conviens, plus ou moins bien), qu’il possède ou non de hauts diplômes bien ronflants qui en imposent.
Dans un monde où tout un chacun s’est mis à se poser en victime, nous assistons à des « concours de victimologie ». Comment savoir, déterminer, en tel contexte, qui souffre vraiment ? Et, surtout, les individu(e)s, se vivant eux-mêmes comme « souffrants », semblent de moins en moins capables d’écouter la souffrance des autres, d’y compatir. Évoquer sa (ses) souffrance(s), c’est, de plus en plus souvent, s’exposer, en retour, à l’exclamation mais moi aussi, je souffre !.
La société capitaliste libérale se veut « monde libre ».
Mais elle sécrète un véritable (et plus que vertigineux) fossé entre les différents niveaux de vie.
Il y a le « seuil de pauvreté » et l’abîme qui grouille en-dessous. Il y a, comme on le dit si pudiquement, le fameux « rapport Nord/Sud », conséquence directe de cinq douloureux siècles d’entreprise impérialiste et marchande, coloniale et prédatrice ainsi que d’accumulation jusqu’à plus soif des richesses dans les seuls pays qu’il est convenu (mais par QUI ?) de désigner comme « développés ».
Or, je l’ai dit ailleurs, la pauvreté est la pire des prisons. Le(s) goulag(s ) du capitalisme est/sont juste beaucoup plus subtils que ceux que l’on reprocha – avec raison – aux différents régimes qui se sont inspirés de la pensée de Karl MARX –souvent, du reste, en la déformant et en la détournant du fait et au profit de dictateurs sanguinaires atteints d’enflure de l’égo -.
Pas d’argent, pas de liberté (et encore moins de confort, de jouissance), ce n’est pas plus compliqué que ça.
Et que dire, aussi, du pouvoir de manipulation de ce système ? Il repose sur l’ignorance, le bourrage de crâne (publicitaire ou intellectuel), l’individualisme outrancier mené jusqu’ à un seuil pathologique et l’addiction généralisée à la consommation et au High Tech. Et n’oublions pas les médias, contrôlés (discrètement) par de très grands groupes financiers : Big Tech, Big Pharma, Big Oil, géants de l’agroalimentaire et j’en passe très certainement. Une propaganda qui vaut largement celles d’un GOEBBELS ou d’un STALINE. Car elle, au moins, sait se rendre « sympa » et « fun » et, par-dessus tout, cacher son jeu à la perfection.
Il est « marrant », quand on y pense, de constater, en ce moment même, à quel degré le réveil de la Chine et de la civilisation extrême-orientale suscite, en Occident, des réactions offusquées, presque scandalisées.
Évidemment, ni BIDEN, ni MACRON n’iraient ré-employer l’expression, longtemps consacrée, de « péril jaune » : elle est devenue mille fois trop éculée, trop non-hypocritement (ah non, je m’excuse, je voulais dire politiquement) correcte.
Cette réaction ressemble à de la panique généralisée et là, la démocratie (« nos valeurs ») et le COVID ne sont que de superficiels prétextes.
Ce qui se cache derrière tout cela, c’est une vision qui chancelle. La Chine, un pays non-Blanc, non-chrétien, hissée au rang de géant, première puissance économique de la planète ?
Le dogme de la supériorité-européenne-par-essence-par-nature-par- vocation, âgé de pas moins de cinq siècles, en prend un coup (même si le Japon et le Viêtnam, à sa manière, avaient eux aussi déjà, auparavant, à deux reprises, ébranlé le bel édifice).
D’où les voix (dures) du « White supremacism » qui, en Occident, se réveillent partout, et dont l’ère Donald TRUMP a été, à ce jour, le plus patent et le plus criard des symptômes.
C’est là un choc auquel, au fond, l’ « Homme Blanc » ne s’attendait pas. Le choc des chocs.
Un choc qui, en tout cas, en dit extrêmement long sur l’arrogance dominatrice d’une sphère culturelle qui, entre autres, s’imaginait volontiers être parvenue à rayer de la carte ou, à tout le moins, à fortement affaiblir (tant à force de génocides que par le biais de l’ethnocide, du « devoir d’imitation » de qui était plus fort, de manière écrasante) toutes les autres identités culturelles de cette pauvre planète.
A présent, sous nos yeux, bien des identités occidentales se sentent, comme par hasard, « menacées ». Les vagues migratoires en provenance de l’Afrique noire et de l’Amérique dite « latine » focalisent de plus en plus la haine, la peur, c'est-à-dire la phobie.
Quant à la Chine de maintenant, elle effraie, rebute encore plus que la Chine de MAO Zedong.
P. Laranco.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire