Vous me demandez ce que je fais dans ma montagne. Seul, avec mon chien, au milieu des bêtes. Je paresse. Pauvre comme mon vieux bâton et ne fais rien d’autre que de jeter mes yeux de droite à gauche tout en faisant risette au soleil. Un peu de vin, un peu de rêve au pied du cerisier en fleurs. J’écoute, je guette le moindre bruit du vent. Tantôt c’est l’aube et la prairie s’enflamme, tantôt c’est le crépuscule et la lune guerroie dans la pénombre du soir. Tout en haut, au sommet des crêtes intangibles, quelques premières étoiles timides titillent les dernières neiges du printemps. En fait, la grandeur est dans ce qui existe entièrement hors de nous. Mais qui regarde bien voit loin. Sans réfléchir, ni m’attarder, je me raccroche à cette réalité. Ni joyeux, ni triste, si ce n’est satisfait de l’avoir croisée en chemin sans la rechercher. Énigme du temps qui passe.
Ce rien de vivant où nous demeurons provisoirement.
Dites à ceux d’en bas que je suis en paix et me porte bien.
Richard TAILLEFER.
(Illustration photographique : Patricia Laranco.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire