samedi 26 août 2023

Un texte de Patricia LARANCO, L' HEURE-LEURRE.

 

 

Heure. Leurre ?

Enfoui sous le macadam fumant ?

Le salon fauve de l'ennui, forme circulaire. Rotation enfantine 

autour d'un guéridon.

Tandis que les nuages défilent sur moi pelucheux se trahit

la texture des choses. La texture des choses, dans tout son 

profond.

C'est alors que périclite l'inattendu ce produit en sous-main 

de notre inattention.

L'heure est parfois une vibration verticale. A moins qu'elle ne 

soit...une cause perdue.

Où chercher ? Dans l'amour inachevé, pleurard ? Aux salles 

cadenassées des châteaux déchus (déçus, dé-sus) ? A la lisière 

d'un flot qui frétille, empiète ? 

 

On laisse derrière soi des géométries. Qui encadrent, qui 

éperonnent, qui désencadrent.

A présent le silence se fait. Feutre gris.  Feutre gris et touffu, 

qui enrobe l'espace.

 

Heure. Leurre. Enfoui sous le macadam fourmillant.

Trouver sa voix, est-ce vraiment  trouver sa voie ?

 

Les flottilles arraisonnées par le chagrin aux belvédères

attendent que le ciel fléchisse.

Que fais-je en la fébrilité des corridors 

qui m'incarcèrent dans une course sans fin ?

Je ne comprends pas que le ciel devienne lait.

La chaleur a plié bagage, sur son dos,

les multiples scarifications de l'exil ,

la non-présence qui est présence à l'envers.

Sa langue rouge s'en est allée regarder

ailleurs ample mouvement de decrescendo

draperie prise dans les grands plis du recul.

J'ai entendu au fond du tunnel auditif

son soupir et son grésillement

de kauri,

son faux sifflement de maracas agitées

qu'il est convenu d’appeler "bruit de la mer" .

Amusez-vous avec des cubes de couleurs

et faites-les tourner à votre convenance !

 

Heure. Leurre terré.

Qui leurre sinon

l'heure ?

Mon heure

Ton  heure

Leur  heure...

Magnificence de la Beauté dans les rues. 

Buvez le lait versé

par l'entonnoir du ciel

entonnez tous les chants

chantehaut chantefort -

Ô château-fort du chant ! 

L'inaccessible est là

et que vos mains se tendent !

Et que vos doigts essaient - mais en vain - de saisir !


Les matins sont furtifs et pudiques à souhait.

Qui réparera leur subtile horlogerie ?


La peau, seule, est un monticule de terrain. Une série de 

pentes livrées au vent sec.

Écrire...mais sous la dictée du présent brut.


La peau ne se suffit jamais à elle-même. D'où son appétit. Ses 

boulimies redoutables.

Elle cherche toujours à s'autocompléter.

 

J'ai un enroulement de bonheur dans mon corps.

Un foyer de chaleur.

Qui me réchauffe moi-même.

Aucune insatisfaction n'y fera rien.

On l'a lové là. Petite spirale de chair tiède. Aussi roulée en 

boule qu'un chat en plein sommeil.

Un Soleil y réside. Et il vient de très loin (dans le Temps et 

l'Espace).

Quand la Peau est trop nue je fais appel à lui.

Il me happe en son sein. Et là je me rétracte.

Il y fait doux et bon.

 

 

 

 

 

 

 

Patricia Laranco.

25/08/2023. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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