Dans son essai, « Nouvelle histoire de l’Homme », Pascal Picq, paléoanthropologue et maître de conférences au Collège de France, remet les événements dans l’ordre du temps et part d’un universel commun à tous les hommes, nos origines, pour aborder la diversité des hommes d’aujourd’hui.
Les six chapitres de l’ouvrage examinent les rapports entre d’une part, l’Homme – avec un H majuscule désignant l’espèce « Homo sapiens » --, et d’autre part, l’univers, les animaux, les grands singes, les autres hommes, la femme et l’enfant. Chaque chapitre s’ouvre par l’évocation d’un procès ou d’un drame mettant en scène des personnages souvent broyés par l’histoire et les idéologies dominantes pour avoir défendu des idées qui nous semblent aujourd’hui si évidentes. C’est ainsi que le premier chapitre, « L’homme et l’univers » s’ouvre sur le procès de Giordano Bruno et sa condamnation au bûcher par le tribunal de l’Inquisition. Après avoir eu la langue coupée, il est brûlé vif sur le Campo dei Fiori le 16 février 1600. Mettant en cause les dogmes religieux et, sur le plan scientifique, les paradigmes dominants, Bruno critique la cosmologie d’Aristote et soutient la conception copernicienne de l’univers. Il suppose aussi que l’univers est infini et évoque une pluralité des mondes.
Je ne m’attarderai ici que sur quelques aspects de l’ouvrage. Pascal Picq fait d’abord la critique du principe anthropocentriste si présent dans les cosmogonies : l’homme a tendance à penser le cosmos à sa dimension, en tant que « microcosme qui résume le macrocosme ». Toutes proposent le récit d’un univers rapporté à notre vie. L’anthropocentrisme est également présent dans la façon de raconter habituellement l’histoire de la vie en la réduisant à celle de l’Homme : après les singes et les grands singes, l’évolution arrive à son but avec l’apparition de l’homme redressé sur deux jambes depuis plus de 2 millions d’années. Pourtant, selon Pascal Picq, un autre regard offre une autre perspective…
Pascal Picq met l’accent sur la contingence de l’évolution. Sans les glaciations, écrit-il, l’histoire des derniers hommes de la Préhistoire aurait été différente. Il y a encore 40 000 ans, alors que s’affirmait la dernière grande période glaciaire, quatre espèces d’hommes habitaient la Terre : « Homo neanderthalensis » ou hommes de Neandertal, « Homo soloensis » ou hommes de Java, « "Homo floresiensis" ou hommes de l’île de Florès, et la nôtre, « "Homo sapiens", originaire de l’Afrique et du Proche-Orient. Aujourd’hui, il n’en reste plus qu’une. « L’évolution pas plus que l’Histoire ne ‘repasse les plats’, car elle est contingente.
En conclusion, je voudrais citer ce beau texte de l’auteur après le chapitre « L’Homme et l’enfant » : « J’adore tous ces enfants, nés si innocents et ouverts au monde, encore inconscients des inégalités entre les hommes, avant que tant d’initiations et de dressages effacent leurs sourires, ferment leurs grands regards scrutateurs et les poussent à reproduire les différences. Pourquoi, entre vivre et être, notre culture produit-elle tant d’enfermements, d’exclusions ? ». Le nouvel humanisme que Pascal Picq appelle de ses vœux rejoindrait-il l’interculturel ?
Issa ASGARALLY.
Source : Issa ASGARALLY
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