lundi 7 mai 2018

Un texte de Patricia LARANCO, ANNEAUX D'ACIER.




La rase campagne, plate et froide, creuse en moi l'impression de vide.
Silos, châteaux d'eau-champignons, bois-squelettes, champs presque noirs.
Perplexité - face aux tatouages bleu-mauve des nuages qui stagnent en foule, jamais las de planer, de s'étager hors de toute mesure.
Et, avec cela, ce vent qui descend et qui a la forme d'une ample serpe.
Ce vent dont, croyez-le ou non, je réussis à voir la couleur et à suivre les enroulements, à déterminer les frontières.
Il est tantôt blanc, tantôt gris; d'un gris sombre de vieux granit. Il est non seulement gris, mais dur. Ivre de liberté, d'espace. Quelquefois grondant, mugissant, plus fulgurant qu'un coup de lame.
Il sait tourner autour de vous. Avec ses bordures acérées.
Et il vous parle encore du Rien.

Grenat foncé de la campagne. Qu'est-ce qui se cache derrière tout cela ? Derrière cet écartèlement ?...La nécessité de tout dire ?
Je demeure en lisière du champ. Les espaces accourent et repartent. Les pauvres brins d'herbe folle tremblent, rebiquent tels des cheveux mal coiffés, rebelles. Se caillent sous la laque des houles d'air. Mon corps essaie en vain de se tasser autour de son propre centre. Contre la boule, contre la pelote, contre le nœud de sa propre chaleur. Cependant, cette dernière est devenue peau-de-chagrin; simple fleur de braise.
Trop de vent, trop de vastitude. A l'intérieur, à l'extérieur.
Vient-on jamais à bout de l'espace ?

Non. Il mugit quand il le veut.
Et il n'a rien à vous répondre.
Il est là pour vous entourer.
De ses gigantesques ceintures.
De ses anneaux d'acier, qui tournent.













Patricia Laranco.






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