« Tout voir mais ne rien dire ».
Le souverain jamais ne se lasse de se contempler. Au gré de la brise, il ondule ses manches tel un juge évoquant la juste part du ciel. Il ne faut point parler, ne rien dire, ne rien voir. On se résigne les uns les autres de ces silences bavards. Parfois, je pense à mon grand-père, toi l’Expert au temps sombre où l’oiseau aux ailes d’aigle posait ses griffes sur le monde. Il nous faudra rester cachés du regard du vulgaire. J’entends, tambours et trompettes dans toutes les rues de nos villages nous annoncer l’orage sur nos têtes. Mais je vous le demande, qui suis-je, qui sommes-nous ? Je ne suis qu’un solitaire qui va et vient. Vieillard aux cheveux blancs, je repose auprès des nuages et je bois tout seul sans un ami pour m’accompagner. Les ministres dans leurs conciliabules négligent les grands principes de liberté. Derrière ces portes closes aux visages masqués combien de tragédies se succèdent, hélas. Toujours ne rien dire, ne rien voir, rester à l’écoute des ordres et contre-ordres des expertises des tous puissants. Aux portes de la capitale, les mains unies nous croisons des regards tournés vers de lointains voyages. Sans un mot nous échangeons des sourires impuissants.
Voici que l’automne tonne
J’erre tout seul sur ce sentier jonché de feuilles
Et comme un vieux cheval dompté, hennis encore.
Richard TAILLEFER.
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