LES OISEAUX INDIQUENT LA LIBERTÉ
SANS PRIX
LEUR RÉSEAU
MUSIQUE EN CITE NOUS L'A APPRIS
Si je ne veux pas faire tomber mon
amour
Dans une cage pour
l'oiseau que je veux libre
Allumant ma page à la
flèche du toujours
J'incendierai l'enfer
aux feux de ce calibre !
Déployant les ailes
enflammées du silence
Aux abîmes d'âme de
l'océan urbain -
Dans le soleil de
l'égal perlant sa présence
Au creux des fenêtres
– me jetterai au bain
L'être de l'oiseau en
fraternelle envolée
Dans l'altitude des
toits – nos baisers cueille
Sans avec un paraître
vouloir les voler
Au soir il embrasse
nos maisons qui accueillent
Ô Chante ! Merle par
notre veille : affûté !
Dans la douce lumière
du jour qui s'incline
Tu déclines musique en
liberté fêtée
Par notre terre qui
tendrement s'en avine
A la nuit et toutes
ses lueurs en ballet
Un dernier vol de
colombes avec cris passe
Les bruits de toutes
rumeurs qui vont s'en aller
Avec lui et l'école du
monde en paix qu'il trace.
Alain MINOD
Pour nous mettre dans
l’univers particulier de ce poète rappelons-nous en deux mots que sa poésie se
place dans le genre expérimental dont l’objectif est d’écrire en dehors des
normes préétablies et en l’absence de tout modèle préconçu et de purifier la
langue des sens lexicaux dénotatifs. Et ce, en poussant l’acte langagier dans
des sentiers non-battus et en faisant éclater les associations établies entre
les mots dans le langage commun pour les remplacer, à chaque pas, par des
combinaisons inédites qui ouvrent sur des mondes inexplorés.
Cette façon
particulière de manier les mots se perçoit dès la première lecture de ce poème
bien qu’il ait été écrit dans un contexte auquel son auteur n’était pas préparé
et malgré l’influence très nette de ce contexte sur le texte en question.
Mais vu que l’objectif
de cette série de commentaires est d’examiner l’effet de la pandémie du
coronavirus sur la poésie mondiale, c’est sur ce seul aspect que nous nous
limitons cette fois.
De prime abord, le
locuteur produisant cet énoncé adopte une stratégie tout à fait différente de
celles de ses prédécesseurs qui étaient, somme toute, négatives : (attaque en
avant par la contestation et la révolte contre le libéralisme sauvage régnant
en Occident –remise en question de l’esprit scientifique qui régit ce système
–attaque en arrière en se plongeant dans le gouffre du désespoir) et qui
consiste , comme nous le voyons à travers ces vers , à s’élancer dans un
mouvement doublement extatique , d’un côté au niveau du rêve éveillé en
s’identifiant à un oiseau détenu en cage qui aspire à s’envoler très loin et
très haut ( « je ne veux pas faire tomber mon amour/Dans une cage
pour l'oiseau que je veux libre - Déployant les ailes enflammées du silence -
me jetterai au bain /L'être de l'oiseau en fraternelle envolée / Dans
l'altitude des toits - Merle par notre veille : affûté ! - Un dernier vol de
colombes avec cris » ) et de l’autre sur le plan purement linguistique en
accomplissant une danse frénétique avec les mots qui s’exprime par un rythme
sonore et mental intense engendré par suppression des particules de conjonction
(asyndète) et la multiplication des métaphores , ce qui lui procure ainsi qu’au
lecteur une immense sensation de libération tout en demeurant bien tranquille
dans sa « cage » de confinement .
Une
belle opération thérapeutique qui montre que la poésie est capable de venir à
bout de toutes les crises et toutes les situations tragiques.
Pr Mohamed
Salah BEN AMOR.
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