samedi 4 juillet 2020

L'hommage à une grande poète française, Françoise HAN, récemment disparue, par Maria MAÏLAT.





03 juillet 2020.
















FRANÇOISE HAN

Poète libre à flanc d'abîme.










Elle n’est plus parmi nous depuis ce 1er juillet 2020. Je la croyais immortelle, femme le jour, mais renarde écrivant à la tombée de la nuit et à l’aube. Sa poésie tenait tête au vide. Son écriture : la plus obstinée recherche du blanc apaisant. Sa voix gravitait autour d’une tristesse souriante, trois fois plus vaste que la Terre. Femme, buveuse de thé dans le clair-obscur de ses poèmes. A Paris, nous nous donnions rendez-vous dans un café situé à équidistance de nos logements. Le mot équidistance venait d’elle, de son passé scientifique. Elle arrivait à petit pas, jamais en retard, ses souliers flottaient à un millimètre au-dessus du sol.
Elle avait gardé une rigueur froide et tendre à l’endroit de chaque mot posé au cours de nos dialogues et dans ses livres. Le premier fut édité en 1956. Elle vivait au rythme des poèmes. Son sourire, aussi léger que l’air, irisait sa présence. J’aimais sa rigueur calme, je l’aime toujours plus que toute forme de pathos ou d’indignation. 
Françoise était une exigeante amoureuse des mots. Ils résonnaient dans sa voix comme mesure et abri de toute chose. Ses mots et son amitié ne supportaient guère de compromis. Il y avait du silence avare dans ses phrases, mais une mer de vérité dans son regard droit qui appelait une réponse verticale de ma part.
En 2013, un jury dont je fais partie lui a décerné le Prix Dante pour l’ensemble de son oeuvre.
Dante aurait pu être son parent de loin, de proche.
Qu’il puisse l’accueillir ailleurs, dans l’apesanteur des poètes.



Maria Maïlat.




















Le langage, seconde écorce
terrestre, se plisse, se creuse,
s’élève selon les divisions, les
dérives, les soubresauts du
monde. Le poème prend appui
dans ses fissures. Verticale souvent
tordue, il grandit à flanc d’abîme.
Aucune logique ne le tient là.

(…)

Le temps battra sans doute en
d’autres vies. L’éternité ne
recueillera pas le poème. Il n’en
réclame aucune part.



Cailloux
Édition Jacques Brémond.


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Ce mot si beau gravité
a-t-il un centre
et nous sommes-nous seulement
le lieu que traverse le fleuve
ou quelque chose de plus
la convergence de tous les
ruisseaux du temps.



Le réel le plus proche.
Editions Rougerie.

















 Crédit : Colette KLEIN.










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