UN SOUFFLE.
J’essaime sur l’écran de mes rêves, des silhouettes faites tout en bois et pourtant flexibles comme celle d’un roseau. Le songe autorise l’antagonisme du souple et de la raideur. Il encourage de mêler le bizarre d’une respiration à un objet inanimé.
J’achemine jusqu’à la tonte fondue des doigts, une image invraisemblable, une équerre bleue aux angles roses où gymnase accompli, le verbe effectue son exercice solaire entre virgules et noms les plus communs.
J’écris abscons. J’écris au plus près du frisson. J’essaie de rendre compte de l’élasticité de sa métamorphose. Aussi, aurais-je bien du mal à fournir une explication rationnelle des phrases qui précèdent celle-ci.
Je ne m’en préoccupe guère. Un souffle a confondu ma carcasse avec un fleuve. Je l’accompagne, sans me soucier, des éléments de sa composition. Je m’enivre de son arôme.
J’aurais pu le transmettre dans un autre style, plus terre à terre, plus quotidien. Je sais faire. Mais là, c’est dans un vertige qu’il exprime sa présence. Il n’appartient pas à une réalité sociale.
Il s’affranchit de son auteur, de son époque, de ses lecteurs. Il compose sa ballade hors des sentiers battus. Il revendique à plein poumons une autre possibilité que celle de s’anesthésier dans le feutre de la sécurité.
Serge-Mathurin THEBAULT.
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