GRISAILLE.
Épargnez-moi la grisaille
Elle ne s’accommode pas aux reliefs
Imprécis qui ponctuent la clameur des vagues
Et aiguisent les chants des cormorans
Cette terre
Murée dans le treillis
Des vents lointains
A le tempérament en feu
Elle ne s’accommode que du bleu pur
De l'azur qui pelote les reliefs des monts
Et confond le bruissement des palmes
Elle a la passivité, cette terre
De cette vierge qui palpite de désir
Au souffle chaud de la nuit
Sa frimousse est un éventaire
Où s'accouplent les refrains lascifs
Du jour
Car sur cette terre
La grisaille est toujours menaçante
Elle est dans l'urgence de la colère
Bleu du ciel qui se fond en giboulée
Dans les rigoles du malheur
Et le vent qui s'abat
Est ivre du chant paresseux
Des tourterelles
Non, elle n'a pas, cette grisaille
La volupté passive des filles nubiles
Sa robe ne relie pas la rose des vents
Et le ponant ne tisse
Dans son immobilité la literie
Où errent les astres songeurs
De la nuit
Épargnez-moi la grisaille
Car sur cette terre, la mienne
Des cocotiers et des flamboyants
Se disputent le ciel
Et sur l'humus suivant
Les pluies tropicales
Le paysage qui glisse a le sourire
D'une vierge assouvie.
Sylvestre LE BON.
In Le rôdeur de l'exil, Les impliqués éditeur, 2023.
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