L’optimisme et le pessimisme ne sont-ils pas rien que deux extrêmes ?
Qui sait vraiment si le verre est à moitié plein ou à moitié vide ? Cette question n’est-elle pas ce que les logiciens nomment une « proposition indécidable » ?
Cet arbuste, ci-dessous,
est-il éclairé ou bien dans l’ombre ?
La « déesse-mère » entrave la femme, bien plutôt qu’elle ne la libère. Je crains que tous ceux/celles qui ont prétendu le contraire ne se soient trompés.
Le culte de cette entité spirituelle s’est hypertrophié, à ce qu’on soupçonne, au néolithique. Au moment – très long- où l’expansion de l’agriculture battait son plein et où s’instauraient, lentement, une profonde mutation sociale, un radical changement du mode de vie humain.
L’expansion de l’agriculture et de l’élevage exigeait un centrage spirituel (et politique) sur la fécondité (totalement étranger aux précédentes sociétés de chasseurs-collecteurs paléolithiques, nomades ou semi nomades). En effet, plus les activités agricoles se développaient, se planifiaient, plus elles exigeaient de bras disponibles. Le mode de vie néolithique entraina d’ailleurs un notable bond démographique chez les populations d’Homo sapiens qui l’adoptèrent, puis le répandirent, à partir du Proche-Orient, dans la double direction du bassin méditerranéen et du sous-continent indien, en passant par la Perse (pour ce côté-ci de notre planète). Et cette explosion démographique, jointe à l’accumulation, devenue possible, de surplus agricoles (grains en silos) et de bétail, facilita sans doute l’apparition de la guerre, par exaspération des convoitises suscitées par les trop-pleins de richesses dont jouissaient certaines communautés. Les attaques d’agglomérations et les clôtures défensives se multiplièrent, et femmes et enfants devinrent eux aussi la cible des razzias au même titre que les troupeaux et les céréales engrangées. On peut peut-être penser que c’est durant toutes ces tribulations que les femmes ressentirent une vulnérabilité de plus en plus intense, pour elles comme pour leur progéniture et que villages (ou villes) eurent besoin de défenseurs, lesquels en profitèrent, du coup, pour se montrer plus exigeants puis, à terme, pour réduire les femmes au rôle qu’on leur connait traditionnellement tout au long de notre Histoire.
Ceci posé, rien ne nous dit que la présence – même au sommet de panthéons – de « Grandes Mères » puisse être incompatible avec les carcans pesant sur les femmes dans la sphère de la tradition, de la vie terrestre, courante. Regardez l’Inde, contemporaine mais toujours traditionnelle : ne vénère-t-elle pas des déesses, qui sont les parèdres des dieux ? A côté de cela, n’entoure-t-elle pas, au nom d’un honneur familial lié à la pureté des filles et femmes, elle-même non moins étroitement liée à une sacralité multimillénaire de la figure de la Mère, la femme terrestre dans une prison d’exigences et de surveillance pour le moins extrême et sans merci ?
Dans le même temps que certains sont insouciants, d’autres ne peuvent se permettre en aucun cas ce luxe. Et ils comptent parmi les plus nombreux. Lorsque j’entends, dans les médias des pays riches, des journalistes se lamenter, presque larme à l’œil, sur les « belles décennies de l’insouciance » chez eux, je suis partagée entre la chair de poule et la nausée.
Oui, je veux que la souffrance, le dénuement et la détresse vide que subissent tant de créatures (humaines d’abord, mais également, à côté de cela, animales et végétales) gâchent mon bien-être, fassent passer sur la légèreté de mes joies, de mes amusements une ombre.
Mettez-vous des boules Quiès au creux des ouïes si vous le voulez; continuez, sans penser, à « profiter », à consommer outrageusement (bien confortés par la « légitime » religion du saint-PLAISIR) en ignorant même que la nature, la planète, socles mêmes de nos existences, souffrent et réagissent en conséquence. Evitez de vous dire que c’est tout un état d’esprit qu’il faut changer !
Il ne faut pas toucher au confort du possédant, du dominant, du fameux « winner ». Ni à ses sûretés matérielles, ni à ses sécurité mentales. La richesse est devenue une véritable forteresse. Dégoût !
A l’instar de chaque espèce vivante, l’Homme a ses particularités. Mais rien ne dit, ne décrète – hors nous-mêmes, les Hommes – qu’il soit d’essence supérieure à celle des autres créatures.
Poussé par ses besoins matériels et par sa grande curiosité, il les observe ; à l’aide de ses moyens perceptifs, de sa pensée logique et de ses moyens technologiques extrêmement développés, il les étudie. Mais c’est tout. A part que, peut-être, c’est cette position d’observateur (avec le recul qu’elle implique) qui, jointe aux pouvoirs d’action sur le monde que lui confère son ingéniosité extrême, installe et entretient en lui l’absurde sensation qu’il les dépasse toutes.
Les freins à la Paix les plus basiques, et donc les plus efficaces ? L’instinct mimétique, l’égoïsme, l’orgueil ainsi que la peur de l’Homme.
Mieux on connait la créature humaine et plus on s’en méfie. Et cela vaut même pour soi-même à l’égard de sa propre personne.
En tant qu’être hypersocial, l’Homme se doit d’être dissimulateur.
Il y a des gens qui ne savent voir que la couleur de la peau, en binaire. Le schéma colonial profondément inoculé dans leur caboche les a amenés (et ce quelque soit leur propre nuance de pigmentation) à ne diviser l’humanité que relativement au paradigme (pour le moins abrupt et très hiérarchiquement connoté) de « blanc/non-blanc » ; comme s’il n’existait absolument pas, entre les deux, de nuances. Et pourtant, il en existe, des nuances, multiples, subtiles et merveilleuses. Toutes les populations et familles métisses, sang-mêlées, mélangées le savent, et l’intègrent, presqu’au stade du berceau. Pour nous, les notions de « mariage domino » et autres conneries fantasmatiques du même tonneau s’avèrent vides, creuses; notions-clichés (qui plus est, souvent bizarrement érotisées) bonnes pour la non-cervelle des classificateurs maniaques. Nos familles peuvent compter un nombre incalculable de dégradés. Elles comptent parfois des étagements allant du blanc « pur » au brun sombre. Alors ? Du coup, que va-t-on faire ? Décréter que deux frères ne le sont plus ?...Que deux proches cousines ne sont pas censées appartenir au même monde (sous prétexte que deux teintes distinctes non seulement vous définissent entièrement, mais au surplus vous poussent « dans la civilisation » ou « en-dehors », car cet aspect est là, aussi, quoique de manière souvent implicite) ?
Bien des états de faits ont des causes multiples (ou, si vous préférez « multifactorielles »).
Oui, le relativisme a du bon – au plan strictement philosophique.
Perception, manière de voir, point de vue, éclairage porté sur un même objet, phénomène ou évènement le font parfois (souvent ?) apparaitre sous un jour interprétatif singulièrement différent. Toute « observation » oblige, ainsi, à s’interroger, d’abord, à propos de l’observateur, sur le « comment, et à partir de quoi exerce-t-il son observation ? ».
Car toute observation est celle d’un cerveau humain qui interprète (en fonction de sa propre structure, de ses valeurs, de ses automatismes).
Les certitudes nous rassurent, comme c’est le cas de tout point d’ancrage. Elles comblent notre besoin, souvent viscéral, de points de repères, de précieuses balises. Ce sont les certitudes qui, par exemple, expliquent la persistance, la résistance des grandes religions (dont, en France, tant de gens s’étonnent).
Quel dommage, cependant, que nous connaissions si mal le bien que nous fait le doute !
Le doute nous bouscule, nous ébranle et, pour cela, nous le craignons. Mais également, il nous libère. Pour l’accueillir, il faut une certaine disposition d’esprit.
P. Laranco.
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