Je m'appelle Marie Laguerre, et je marchais tranquillement dans mon quartier quand j'ai subi un harcèlement sexuel dans la rue, comme vous êtes des milliers à le subir. Quand j'ai refusé de me taire et que j'ai répliqué "Ta gueule !" à mon harceleur, ce dernier m'a frappée, violemment, en pleine rue.
Cette humiliation, ce coup, je sais que ce n'est pas une affaire personnelle. C'est un fait de société. Beaucoup d'hommes considèrent normal le fait d'imposer des comportements sexistes aux femmes, voire de les frapper. De nombreux témoignages le montrent. Mais il n'y a pas de fatalité, en changeant les mentalités, nous pouvons mettre fin à tout cela.
Pénaliser, c’est prévenir toute la société que ce phénomène n’est ni anodin, ni de l’ordre du privé, mais qu’il s’agit d’un délit. Le comportement des harceleurs montre bien que leur intention n’est pas de séduire, mais de dénigrer, d’humilier, de dominer : commentaires sexistes, regards concupiscents, insistance, sifflements, remarques sur le physique, tutoiement, propos ou bruits graveleux, insultes voire menaces. Si les femmes esquivent ou refusent ces « avances », même si elles osent tout simplement les ignorer, elles ont droit à des représailles qui peuvent aller jusqu’à la violence physique. Ce phénomène a un réel impact sur la vie et la liberté des femmes . Il nous incite à sortir moins que les hommes, à rentrer plus tôt le soir, à modifier nos trajets, nos tenues, nos habitudes, à avoir souvent peur.
Lutter contre le harcèlement sexuel, aussi bien dans l’espace public que privé, ou professionnel, c’est bien. Mais avec quels moyens ? Les mesures symboliques ne peuvent suffire. Je réclame un vrai changement de société, pour renverser des siècles de comportements misogynes.
Le projet de loi proposé par le gouvernement prévoit une amende de 4ème catégorie passible de 90 à 750€ d’amende pour outrage sexiste. Si j'approuve la volonté politique de réprimer le harcèlement dans la rue, je rappelle que la loi punit déjà ce qui se déroule majoritairement : les injures sexistes sont passibles de six mois de prison. Les menaces de viol ou de mort de trois ans de prison. Les avances répétées relèvent du harcèlement sexuel. Les « mains aux fesses » ou les actes des « frotteurs » sont des agressions sexuelles passibles de cinq ans de prison. Il est hors de question que tous ces délits soient déqualifiés en simples contraventions. Pour tout le reste, commentaires sur le physique ou sifflements, ils devront être pris en flagrant délit par la police du quotidien, afin que les agents dressent des procès-verbaux, ce qui exige une formation extrêmement ambitieuse de ces agents.
Pour vraiment lutter contre ce phénomène, il faut apprendre aux enfants que tous ces comportements sexistes sont intolérables. Que les femmes ne sont pas à la disposition des hommes.
MES REVENDICATIONS :
Je réclame la prévention contre le sexisme à l’école, de la maternelle au supérieur. Les mesures ne peuvent rester de nature sécuritaire et répressive seulement.
Je réclame de grandes campagnes nationales de sensibilisation contre le sexisme et les violences (télévision, radio, affichages publics, internet, transports en commun) à l’initiative de l’État. Ce quinquennat est censé être celui de la Grande Cause Nationale de l'égalité femmes-hommes. Le voyez-vous partout sur nos murs, dans nos médias ?
Je réclame, comme en Espagne, un milliard d’euros pour former les professionnel·les qui interviennent : les policier·es, les magistrat·es, les médecins du travail et infirmier·es scolaires, etc, et permettre l'application des lois existantes. Le manque de moyens mis à disposition de notre cause est désolant. Les associations féministes sont submergées et sous-financées. Elles reçoivent, écoutent, accompagnent les victimes dans leurs démarches, ce qui devrait être pris en charge par des politiques publiques, par l’état, par les collectivités.
Nous devons changer notre société. Nous sommes des milliards de femmes dans le monde à subir cette violence. Ensemble, agissons !
Signez cette pétition !
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