dimanche 3 mai 2020

Et si nous essayions, encore, de réfléchir ?




Que nous rappelle une maladie – une infection, une épidémie par exemple ?
Que l’être est, avant toute autre chose, un assemblage d’éléments infiniment petits qui, sans doute parce qu’ils y « voyaient » leur intérêt, se sont regroupés et ont accepté de s’associer, de travailler ensemble en formant une organisation émergente.
Qu’il suffit que ces minuscules éléments biologiques aux origines physiques et chimiques (atomes, molécules, cellules) deviennent tout à coup les cibles d’un autre élément tout aussi microscopique (parfois même, plus) qu’eux pour que la « société », l’ « usine » chimique et biologique ultra-organisée et ultra-complexe qu’ils ont constituée ensemble, étroitement unis, courre le risque de s’effondrer, de s’écrouler tel un château de cartes, ou encore que l’un de ces mêmes composants basiques au possible, devenu soudain farouchement « individualiste », soit saisi d’une forme d’indiscipline, de révolte qui le pousse à ne plus « rouler » que pour lui-même pour qu’une prolifération envahissante, cancéreuse compromette mortellement l’équilibre de l’organisme global.
Que l’infiniment petit (à nos yeux) conditionne souvent le sort de l’infiniment grand ou de notre propre échelle, qui sont d’ailleurs ses résultantes.






L’ennui lui-même n’est qu’impression, illusion, car, à bien y regarder, nul jour ne ressemble à un autre. Il y a toujours – où qu’on veuille le trouver – du renouvellement, quelque, quelques détail(s) qui, même à nos propres yeux, construisent sa différence. Pour ne plus s’ennuyer, il faut, par conséquent, changer de regard. La banalité, la platitude de l’ennui, l’assimilation que nous en faisons avec une morne plaine de routine répétitive et incarcérante, indigne que l’on y prenne garde, n’existe que dans notre esprit ; c’est une donnée exclusivement liée à la structure de la perception humaine et, bien sûr, à une culture humaine donnée qui a imposé certaines valeurs.
Certains vivront une même situation comme de l’ennui ; d’autres, pas du tout.






L’espoir, parfois, a quelque chose de « satanique ». On l’a bien vu, par exemple et entre autres) au XXe siècle, au moment des accords de Munich.






Ce n'est pas parce que l’Homme attribue du sens à tout que tout a un sens. Les neurosciences ont prouvé que trouver du sens était une tendance de son cerveau.






Si les gens plus intelligents que la moyenne sont peu – ou mal – aimés, n’est-ce pas, peut-être, parce qu’on peut les tromper moins facilement ?





Juger les autres.
Cela rassure. Cela place en position de « parfait ».





Je ne peux pas dire que j’aime la vie. Encore moins que je la déteste.
En tant que vivante, je n’ai rien d’autre avec quoi la comparer.
Je la vis. Je suis dedans. C’est tout.





Quand on réalise qu’après tout, tout est vain, d’abord, on est désespéré, il est évident que l’on « plonge » ; puis, ensuite, après un temps plus ou moins variable, il se peut, dans le meilleur des cas, que l’on devienne solide et inébranlable comme il est difficile d’imaginer. Comme un menhir où rien ne vacille.





La vérité ne caresse pas les gens dans le sens du poil.





C’est – du moins le crois-je - en se libérant de soi-même autant que cela lui soit possible que l’être humain sera à même d’élargir son horizon et de faire progresser sa compréhension et sa pensée.
Se libérer de soi-même…en tant qu’égo, que simple individu borné…mais également, en tant que représentant de sa propre espèce, limité par les caractéristiques propres à cette dernière.





Se projeter dans l’avenir est, dit-on, le propre de l’Homme. Mais l’avenir est un réservoir d’événements subits, brutaux ou, en tout cas, difficilement prévisibles hors des modélisations informatiques de certains spécialistes.
Sachant cela, je ne fais, pour ma part, à l’avenir  qu’une confiance assez restreinte.
Et puis, l’Homme oppose volontiers le déni aux éventualités qui le dérangent ou aux perspectives qui l’effraient (même quand celles-ci, d’ailleurs, se sont déjà concrétisés). Il veut « avancer » et, pour cela, il a besoin d’un minimum de confiance en lui et en le monde qui l’entoure.
Reste que déni et confiance en la vie engendrent l’insouciance. Et que, de l’insouciance à l’imprudence, il n’y a souvent qu’un pas.





Pour mieux comprendre le monde, il faut toujours se tenir à sa marge, le plus extérieurement possible. Position de l’observateur !





Je dois avouer que l’éphémère m’inquiète.
Comment s’attacher à quoi (qui) que ce soit sans garder à l’esprit qu’on court le risque de sa perte ? N’est-on pas, en quelque sorte et en permanence, « trahi » par l’ « infidélité », l’insaisissable agilité de chaque minute mouvante ?





Le cerveau humain désigne, classe, catégorise, comble les vides ; c’est sa façon de fonctionner. Mais est-ce une démarche propre à « coller » de si près que ça au réel ?
Souvent, ce dernier nous déroute (il déroute même les plus grands de nos esprits, les astrophysiciens majeurs, par exemple) de par les exemples d’ambigüité et d’incomplétude qu’il offre en nombre.
Comment « connaître » le monde (pour autant que cela nous soit possible) sans connaître, peut-être D’ABORD, le fonctionnement de la perception humaine ? N’est-ce pas là ce que l’on appelle « mettre la charrue avant les bœufs » ?
La réalité n’est-elle pas, avant toute autre chose, une perception ?






En Occident, l’on aurait plutôt tendance à plaindre ou à moquer la sagesse. En effet, un « sage », revenu de tout, fait un piètre désirant. Sa haute compréhension, sa béatitude le placent, au demeurant, à l’abri de tout manque.
Voilà qui n’arrange guère les affaires de l’esprit marchand, du capitalisme, de la consommation exponentielle de biens matériels, de la « croissance » économique telle que la conçoivent les tout-puissants occidentaux actuels.
Il n’en va pas du tout de même, dans le fond, de la pensée orientale classique. L’Hindou vit la sagesse comme un état de délivrance, de libération (mokcha), tandis que le taoïste et même le confucéen chinois l’associent immanquablement à un certain sens de l’équilibre (tant cosmique que sociétal, mais les deux dimensions sont liées). Donc, ici, moins il vous reste d’illusions, de leurres, mieux vous vous portez, plus vous êtes « fort ». L’espérance fait elle-même partie des choses dont un philosophe, un penseur ont le devoir de se méfier,  et qu’ils ont l’obligation de maintenir à distance. L’Homme est à parfaire et seuls l’intériorité ou le contrôle de soi à des fins d’équilibre social ou de libération spirituelle  se trouvent valorisés, mis en exergue.
Prise de distance face à soi et à la vie et renoncement seuls aident l’être à vraiment « grandir ».
Rien de plus éloigné, ainsi qu’on le voit, de l’individualisme hyper analytique propre à l’Occident.
En Orient, l’individu n’est autre qu’une des parties d’un tout, d’un ensemble. Beaucoup plus vaste. Dans la tradition indienne, il doit tendre, dans l’idéal, à rejoindre, par la méditation, autrement appelée yoga, le tout cosmique et spirituel dont il fait, par essence, partie afin de reprendre conscience de sa véritable nature qui lui a été voilée (rapport âtman/brahman). Il en va, apparemment, un peu de même dans le courant de pensée taoïste (ou daoïste) chinois. Dans le confucianisme, certes plus pragmatique, il reste indissociable de sa société et des devoirs qu’elle lui impose (ancêtres, famille, soumission à l’autorité étatique quand celle-ci est harmonieuse, équilibrée, juste et qu’elle œuvre, donc, pour le « bien », qui est stabilité, cohésion, absence de chaos, de désordre favorables à la prospérité).





Il y a trop de façons différentes de voir le monde, et le moindre élément du monde pour que nous y voyions clair.
Trop de complications partout (y compris à l’échelle cosmique) pour que nous dégagions des schémas simples.





C’est drôle, quand même, de voir les Hommes vivre comme si la mort n’existait pas, comme s’ils se trouvaient voués à l’éternité, en somme. La mort les étonne toujours, eux, ces pourtant sages (« sapiens »), si intelligents, si logiques.






La vie est un immense brassage de hasards et de possibles. Son sens, son essence, son « point central » se déplacent sans interruption.





L’instant n’est jamais que l’instant…et il ne nous est pas fidèle.





Dans nos sociétés, les nouveaux pestiférés ne sont autres que ceux qui souffrent. La nature humaine est tellement mimétique qu’on les fuit, qu’on refuse de s’intéresser à eux, au cas où cela « déteindrait », comme une maladie honteuse. A force de combattre le mal-être (tant physique que moral), la médecine l’a diabolisé. De plus en plus américanisé, l’esprit de la « modernité » à transmué le fameux « pursuit of hapiness » en New-Age, ou encore en « développement personnel », ou encore en « pensée positive » - qui ont tous valeur de synonymes – et les impose à présent d’une façon massive, péremptoire, comme solutions à tout.
Celui qui souffre moralement à l’intérieur de notre société « florissante » si apte à nous protéger de la solitude est, à l’instar de l’individu en surpoids, quelqu’un qui se « laisse aller », un « loser », et c’est là chose impardonnable.
Aucun obstacle ne doit entamer notre force morale, notre « fighting spirit » ; c’est l’Amérique qui l’a dit. Au nom de son « esprit pionnier ». L’Amérique qui, pourtant, regorge de tueurs de masse, de serial killers, de poor workers et de gens qui vivotent dans des mobil-homes fatigués, quand ce n’est pas dans leur voiture ou dans la rue. L’Amérique qui cultive, par ailleurs, une culture de la violence et un darwinisme social inégalés dans le groupe (restreint) des nations les plus prospères et les plus « développées » de cette planète.





Être l’autre, avoir ce qu’a l’autre…étrange obsession humaine !





Le propre des élites n’est-il pas de rester encore plus « entre soi » que les autres, et donc, de snober tout ce qui ne fait pas partie de leur cercle et qui s’approche trop près d’elles ?





Vous parlez tous, toujours, à tire-larigot, de DROITS, de DROITS, de DROITS… droits par-ci, droits par-là, en veux-tu, en voilà…Vous n’avez que ce mot en bouche.
A ceci près que ceux qui doivent défendre leurs droits, ce sont toujours les faibles. Et que ceux qui ont les moyens de leurs droits, ce sont toujours, comme depuis toujours, les forts.
Le poids social contourne les lois et les grands principes gravés sur des stèles de pierre sans nulle peine.
On peut, dans ces conditions, se demander à quoi tout ce (faux) « carcan » de lois rime. Même pas à bourreler de culpabilité les puissants et/ou les débrouillards bien outillés qui le contournent.












P. Laranco.




































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