samedi 16 mai 2020

Un texte élégiaque de la poétesse française Edith BERTHUIT.




Je ne monte plus dans la chambre du grenier toute lambrissée. Le vasistas en reste fermé d’où l’on voit mes puys. Petit carré de ciel quand on est allongée sur ton lit.

Cette pièce, avec tes souvenirs dans mes yeux, réveille un bonheur évanoui. Les images s’animent, tu es encore là, dans le fouillis de tes valises.

Je croyais en ton retour. J’avais foi en toi. Colombe et pigeon, tout à la fois. Tu passais.

Depuis, la campagne a reverdi, le soleil miroite aux flaques du printemps, les jardins s’ensemencent. Et pourtant, aucune métamorphose en moi, rien ne bouge ; juste un tremblement douloureux au rappel de cette illusion chimérique de quelque chose de solide, de fort et de durable. Je nous ai voulus ancrés dans une vérité aussi épaisse que les murs de ma demeure. Mon papillon, vivant de l’éphémère léger des spots, brûlant aux prunelles qui applaudissent, enivré des parfums qui voyagent.

Ton regard s’est sauvé, ta main s’est éloignée, ta voix s’est éteinte. Tu as disparu. J’ai relu l’histoire, genoux ployés, en toute lucidité. Et je n’ai vu que l’implacable dureté d’une réalité sordide. Le conte était en moi, j’avais élucubré, tu avais profité. La faute est à nous qui fait un mal extrême.

C’est épuisant, tu sais, de désespérer. De revivre la beauté impossible d’un rêve à peine ébauché mais tellement vivant, les vestiges d’un temps qui n’a pas existé, l’expérience inventée, le bouleversement imaginé.

Nous n’avons pas été et nous ne serons plus. Mon soleil est tombé, je ne peux plus dormir et mes mots sont invalides.














































Edith BERTHUIT.
Mai 2017.














































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