vendredi 15 mai 2020

Un "poème confiné" de Jocelyne MOURIESSE (Martinique) commenté par le Pr Mohamed Salah BEN AMOR, universitaire et critique littéraire tunisien.




LE VOL PLANE DES COMPAGNIES AERIENNES.





Au ciel pas d'ailes
Dans l'air du temps
Si aériennes


Toutes tombées
Du piédestal
De voyager.


Ailes semblent toutes
S'être accordées
Pour vous envoyer balader.


Pour résumer... un vol plané
Une aile s'élance pour quémander...
L'autre vous plume ses passagers


Usagers ulcérés
Voyage en billets flous
Demeurez bons pigeons...


Mais si l'ère rebelle vous prenait
D’un cauchemar, d’un vol de trop
Passez au large...


Les pies voleuses
Sont entre nous
De lamentable compagnie.






Jocelyne MOURIESSE.





























La poétesse martiniquaise Jocelyne Mouriesse, coincée en France depuis la fermeture des frontières de ce pays à la suite d’une visite-éclair qu’elle rendait à sa fille et obligée par conséquence de se confiner loin de son île natale ,est arrivée enfin au bout du tunnel, car dimanche prochain elle quittera Bordeaux pour Paris et de là elle regagnera son pays .

Ce dénouement heureux a vite fait son effet : de l’image d’une âme endolorie, repliée sur soi et aux prises à toutes sortes d’affects négatifs ( angoisse – terreur –blocage –pessimisme - ennui – langueur …etc.), elle passe comme par enchantement à celle d’une entité vigoureuse et révoltée qui s’élance de toutes ses forces à l’attaque de la compagnie aérienne qui a contribué à sa mésaventure en faillant à ses engagements envers elle en tant que cliente.

Ainsi il a suffi que la situation environnante change pour que la poétesse revienne à sa personnalité d’antan, celle de la militante qui avait participé activement à la révolte martiniquaise de 2009.

Le reste du poème est facile à comprendre, car il vise d’une façon ou d’une autre le même objectif : railler cette compagnie et dénoncer son escroquerie et son dédain à l’égard de ses clients.

Mais si la poésie militante privilégie en général le discours ouvert dénué de toute ambigüité ou tout sens symbolique indéchiffrable afin d’atteindre le plus grand nombre de récepteurs possible, ce poème regorge, par contre, de phrases tronquées (Elles ne sont pluies - Usagers ulcérés -Voyage en billets flous -Demeurez bons pigeons...), de jeux de mots (Au ciel pas d'ailes - Dans l'air du temps Si aériennes) et d’asyndètes (absence totale de conjonctions de liaison).

Ainsi la sensibilité symbolique semble être profondément ancrée dans le tréfonds et l’univers propre de cette poétesse car même si le sujet qu’elle aborde est des plus clairs, son style demeure toujours opaque.

La question brûlante qui se pose à présent : Jocelyne Mouriesse continuera-t-elle à écrire ? Attendons pour le voir !





Pr Mohamed Salah BEN AMOR.































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