Le cheval assoupi est debout près de l’abreuvoir
A sa face aveuglante on devine ses blessures
Les coups de triques qu’il porte en ses flancs
Il reste immobile devant un poteau de bois
Grosse bête de charrue aux muscles grossiers
Crinière déteinte par l’usure des travaux
Du vent ou de sa mauvaise volonté
Le cheval de trait se réveille mais ne hennit point
Il sait le prix que coûte un hennissement
Quand le mors est trop bas et vous serre les dents
Alors sabots dans la boue il fixe patiemment
Le bistrot d’en face où son maître
A posé sa besace lourde
Le cheval du poème
On le harnache on le cloue on se moque
De ses flancs qui saignent
De ses yeux qui se croûtent
De ses cuisses qui se plaquent
D’odeurs malsaines
Il n’ignore pas que son demain se résume à l’abattoir
Que la corde est fragile et son cou puissant
Qu’il pourrait à nouveau rejaillir dans les prés.
Serge-Mathurin THEBAULT.
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