LES DELTAS.
Les deltas
aux eaux ridulées
et plates
sont, dans tous les cas
ouverts, grand ouverts sur le ciel
dont les frontières sont
gauchies
Les deltas
vastes et puissants
déploient
leur odeur échancrée,
leur chavirement d'étendue,
leurs lourds et paresseux
parfums
ils regardent vers l'infini
en un élan démesuré;
les terres sont si aplaties
et si parallèles aux eaux
qu'elles ont l'épaisseur de traits,
de fines stratifications;
elles ne parviennent jamais
à être beaucoup plus que ça :
des surlignages verts, flottants,
toujours sur le point d'être bus.
Elles se bornent à affleurer,
à effleurer,
dans le lointain,
à enserrer
les bandes d'eau
épaisses, quiètes, omniprésentes;
à les escorter, tout le long
de leur fixité bleue
qui glisse.
Les pélicans et les lotus
suivent le mouvement avec
un bel ensemble
nonchalant
immobiles et basculants
ils éperonnent le vent, ce poids
si difficile à manier,
si encombré
de pesanteur
qu'il semble inapte à prendre son
essor et se fripe
sur place.
Texte et photographie : Patricia Laranco.
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