dimanche 26 juin 2022

Patricia LARANCO (Moris/France).

 

 

 

 

 

 

 

 

LES DELTAS.

 

 

 

 

 

 

Les deltas

aux eaux ridulées

et plates

sont, dans tous les cas

ouverts, grand ouverts sur le ciel

dont les frontières sont

gauchies

 

 

 

Les deltas

vastes et puissants

déploient

leur odeur échancrée,

leur chavirement d'étendue,

leurs lourds et paresseux

parfums

 

 

 

ils regardent vers l'infini

en un élan démesuré;

les terres sont si aplaties

et si parallèles aux eaux

qu'elles ont l'épaisseur de traits,

de fines stratifications;

elles ne parviennent jamais

à être beaucoup plus que ça :

des surlignages verts, flottants,

toujours sur le point d'être bus.

 

 

 

Elles se bornent à affleurer,

à effleurer,

dans le lointain,

à enserrer

les bandes d'eau

épaisses, quiètes, omniprésentes;

à les escorter, tout le long

de leur fixité bleue

qui glisse.

 

 

 

Les pélicans et les lotus

suivent le mouvement avec

un bel ensemble

nonchalant

 

 

 

immobiles et basculants

ils éperonnent le vent, ce poids

si difficile à manier,

si encombré

de pesanteur

qu'il semble inapte à prendre son

essor et se fripe

sur place.









Texte et photographie : Patricia Laranco.





























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