Quelquefois il faudrait revenir en arrière, avant l’apparition du poème, revenir à l’inspir et retenir son souffle comme le pécheur d’huîtres perlières qui plonge sans bouteille d’oxygène dans les fonds marins où flottent des méduses violettes, où la sombre murène attend sa proie, dents dehors, à l’entrée de son repère de roches et d’algues gluantes. Armé d’un simple couteau, je détacherai le poème accroché à son roc, et remonté à la surface, je l’ouvrirai en reprenant ma respiration d’un coup douloureux pour en recueillir seulement la perle brute sur la nacre interne du coquillage et la polirai dans la lumière retrouvée avant de l’offrir à celle qui m’attend depuis des millions d’années sur le sable du rivage, là-bas cette île où je n’ai jamais cessé de me rêver.
André CHENET.
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