lundi 16 juillet 2018

Et voici un poème de Patricia LARANCO, LES CHEMINS DE CRAIE.








Les chemins de craie
mènent toujours
vers la lumière,
vers la clarté qui évapore l’horizon.
L’été va les chercher jusqu’au fond des tiroirs
où se réveille le cliquetis des couverts
en un branle-bas tout agité
qui dissone.
Les chemins de craie peuvent vous mener très loin,
ils emportent avec eux l’haleine de l’air
aux remuements si enthousiastes et si naïfs
qu’ils en font naître, comme en les yeux des enfants
des étoiles pépites électriques qui dansent.
On ouvre le tiroir et eux,
ils s’ouvrent à vous,
ils s’ouvrent devant vous
suggérant, poudroyant,
ressuscitant l’odeur d’orties
des souvenirs.
Ils escaladent des buttes à l’air charnel,
des collines charnues aux versants mammaliens
dont chacune
évoque quelque sein isolé,
incongru, qui serait
surgi de nulle part.
Une fois qu’on s’est laissé entraîner par eux
l’on perd de vue toute direction mais tant pis.
Ils ont l’art d’élargir notre champ de vision,
de nous faire accroire que le ciel peut
s’étreindre.
Nous infligent-ils nos mirages et nos départs
ou nous amènent-ils au bout de nos désirs
informes par essence et par définition
tout comme sont leurs proches parents : nos déserts ?

Mais non, sans doute suis-je égarée dans l’erreur,
cette poupée russe : rien, jamais
ne finit.

















Patricia Laranco








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire