jeudi 5 juillet 2018

Un beau poème de l'haïtien Claude Sterlin ROZEMA.



adieu
mortel à l'ombre enchaînée
malvoyant et sourd 
depuis la gorge serrée de la montagne

*
c'est par là
que tu vas t'enfuir ailleurs
loin des odyssées humaines
pour ne jamais revenir à ta souche
et sur ta subite révolte 
dévoilée face à la nuit qui couvre ta terre 
s’étendant derrière les buées de la lucarne 
de ton cachot
*
c'est aussi par là
que ta dépouille passera à l’oblique
dans ce translucide suaire des querelles symboliques
*
c’est encore par là
que deux papillons de nuit 
sur une fleur tombant de l'invisible 
verront les nuages tels de grands feuillages
pour chercher un ultime élan 
afin de se manifester aux confins de la pénombre 
là où gisait tout ton monde dans un aven secret
*
la victoire sera-t-elle proche 
là où le temps fait des passes 
dans un miroir d'eau
libérant des ondes vives du soleil 
comme des gyrophares qui approchent 
sur la route cachant les âmes 
qui se détachent des corps
*
c'est toujours par là
qu’un barrage de poèmes immortels se placeront 
dans la blanche matière morte d'un petit carnet 
captant le bruit du chiendent 
le crissement des galets 
et les cris de la longue meute d'êtres animés 
toujours indomptés de la parole
traversant la chair meurtrie de l’ailleurs
*
adieu
étranger venu des lisières
entends-tu aussi les tristes mots 
qui se défilent et se dressent drus 
dans ces tristes poèmes du réel
*
*










Claude Sterlin ROZEMA
4 Juillet 2018








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