Il l’a quittée. Ça arrive.
Elle a nettoyé ses traces, là devant elle. Mais au-dedans, c’est tout brouillé. Je crois même que ça sent l’ordure. Et le mauvais alcool dans ses maux de tête. Parce qu’il y rôde, avec une autre.
On ne repeint pas sa vie comme on refait la déco d’une chambre. Ça cauchemarde au long des jours, dans les assiettes qu’on salissait ensemble, dans la chaise qui reste vide, dans la voix qui s’est tue.
Ça plane en noir et le soleil ne fait plus lumière. Elle a perdu la clé de sa vie. Il faudrait se nourrir; elle, elle rumine ses chagrins. Elle s’épouvante de ses rêves brisés. Elle a honte de son innocence.
Et il pleut en elle. La mousson sera-t-elle rédemptrice, qui l’amollit, la détrempe et la délave comme un cahier d’écolier oublié au bord d’un fossé ?
Elle n’allume pas la télévision ; les nouvelles du dehors sont atroces, elles aussi, en coups de poing supplémentaires sur une âme déjà meurtrie. Elle voudrait écrire une colère et ne ressent que vacuité. Il n’y a pas de mots pour dire ça.
Elle aimerait se faire encore des contes qui crépitent, des imaginations claires, des histoires métissées. Mais tout lui manque, même le silence blanc.
Elle se sent comme une brochette, empalée sur le dard mortel de l’abandon.
Elle ne bouge plus, les yeux fixés aux branches qui s’agitent sous le vent de printemps. Ou le regard au ciel, parcouru de ces avions qui ne l’emmènent pas, qui ne le ramèneront pas.
Nulle route qui mène au bleu, d’ailleurs, elle le sait bien.
Edith BERTHUIT.
Juin 2017.
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