vendredi 3 juin 2022

SOLEIL DE MARS, un texte de Patricia LARANCO (Moris/France).

 

 

 

 

Le soleil semble charrier des bris de verre,

des éclats qui piaillent toute leur lueur ;

c’est que l’air de ce début de printemps n’a encore pas renoncé à ses facettes acérées, dures

parfois comme taillées, biseautées dans des blocs compacts de diamant ou des pans de miroir aux bords raides et abrupts, aux angles aigus qui cherchent encore à éperonner, s’ils en ont l’occasion.

 

*

 

Le soleil, passé midi, s’est jeté dedans

toute cette débauche de rigidités,

tout ce désordre de cabrements de fraicheur

pareils à banquises aux canines croisant fer.

Il y est, se figurerait-on, tombé comme en un jeu de quilles. Il est devenu, à son tour, écartèlement ébouriffé et son éclat s’est distordu, comme capturé par des loupes, comme déchiqueté en lambeaux au contact de ces résistances. Il s’est trouvé porté à un état d’incandescence glacée, lequel éparpillait ses chairs pourtant aussi pleines que fermes, converties pour le coup en rognures de silex vitreuses, en nids de faisceaux aveuglants, en épis rouges barbelés qui dardaient toute leur violence.

Il a, en somme, été pilé.

 

 

 

 

 

Patricia Laranco

21 mars 2022.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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