Marcher comme toujours au bord de la vie, respirer l’étendue, entrer un instant dans le bois. Et sourire.
Y retrouver les corridors du temps, opaques et brefs, serpentins ou raides, pentus et tortus. Et se perdre dans les répliques et les accumulations des sentes illusoires que terminent clairières et taillis.
Rêver dans l’intensité verte d’une semi-obscurité où apparaissent, s’évanouissent et renaissent des lambeaux de ciel sans durée.
Se retrouver nulle part, n’être qu’ici, prise à la gorge par l’éphémère d’une existence qui s’écoule en dehors de nous.
Ne plus savoir si l’on peut inventer son chemin en l’arpentant.
Laisser la mémoire préluder quelques parcelles d’avenir en poèmes.
Et, songeant à la lumière crue d’une plaine sans arbre, découvrir les ruines d’une bâtisse perdue dans les broussailles : révélation d’un passé vivant égaré dans la masse touffue des fûts.
Et dans le craquement des brindilles sur la mousse se savoir entourée des âmes trépassées dans le jeu violent d’ombres et de lumière si propres au sous-bois, quand les feuilles chuchotent entre elles des secrets inavouables. Il faut alors dresser l’oreille aux notes des passereaux, ouvrir les yeux à la digitale qui élance ses clochettes contre un tronc abattu, enfoncer les pieds au duveteux des mousses.
On devrait ne jamais regagner le logis, ne jamais avoir à écrire le vu ni le senti. On devrait pouvoir ne vivre que l’éternité des instants.
Edith BERTHUIT.
Eté 2018.
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