L'obscurité s'entrouvre. A court de déraison. A court de dérision.
L’œil jaune est en éveil. Oeilœuf. Qui se construit.
L'univers est un œuf.
Et la dispersion ?
L'obscurité s'entrouvre. En prenant tout son temps; avec un bruit grinçant. Il s'y trame, des choses !
Un œuf, ça se suffit.
L'obscurité ? Un œuf.
L'obscurité s'étonne. D'être aussi nutritive. De disposer de tels pouvoirs gestationnels et nutritifs. Elle pense à cette toute petite lune blanche accrochée au jour. Si transparente que l'on y voyait au travers. Qui se baladait. Sautillait. Comme une petite fille.
Elle pense aux dunes de l'aube bleue, floue, qui sifflent. A cette toute petite demi lune tressautante; comme ballottée dans le bleu léger du ciel. Aux longues nues couleur d'ardoise effilées telles des lames de glaives. Et à cet arbre seul. Planté, pieu touffu, sur ligne d'horizon. Pris en sandwich entre deux vides : terre rase, ciel nu. Qui s'ennuie, semble déconcerté, gainé qu'il est de tant de Rien.
C'est un œil entre deux écailles. Un œuf. Sous écorce cornue.
Il faut éplucher le soleil; lui ôter son zeste de feu; se pendre avec sa peau d'orange.
Ou encore avec le vent noueux. Aussi sinueux qu'une corde.
Le vent. Il peut vous étrangler.
Les chemins nous tournent le dos. Ils s'échappent. Sans aucun but.
Qui croit qu'ils vont vers quelque part ?
Ils se perdent dans les bois drus. Le long des champs énigmatiques. Entre les herbes trop dardées.
Ils biaisent. Et boivent le silence.
Les miroirs aiment murmurer. Chuchoter. Reculer dans l'ombre. Ils ressemblent à de l'eau croupie. Enténébrée par la poussière.
Qui dit qu'il faut plonger dedans ? Personne, en fait, n'y prend son bain.
Nous avons des masques. Ils miroitent. ils sont des taches d'eau gelée. Des leurres aux allures de chair.
Un jour, j'ai croisé un miroir.
Je n'y ai rien vu; que des algues.
Et un peu d'ombre murmurante.
Patricia Laranco.
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